Cet article date de plus d'un an.

Titre de séjour pour les métiers en tension : "C'est du bon sens et cela met fin à une hypocrisie", juge le groupement national des indépendants de l'hôtellerie et de la restauration

A trois jours de la présentation du projet de loi immigration en conseil des ministres, le restaurateur et président du GNI Pascal Mousset salue la création d'un titre de séjour pour les métiers en tension.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Gérald Darmanin était venu présenter son projet de loi immigration sur franceinfo mardi 6 décembre 2022. (FRANCE INFO)

"C'est du bon sens et cela met fin à une hypocrisie", a déclaré dimanche 29 janvier sur franceinfo Pascal Mousset, président du GNI (groupement national des indépendants de l'hôtellerie et de la restauration) Paris Ile-de-France, propriétaires de 4 restaurants à Paris qui emploient environ 80 salariés. Une réponse au souhait de Gérald Darmanin d'une immigration choisie et à l'attribution de titres de séjours pour les métiers en tension. Le ministre de l'Intérieur défend son projet de loi sur l’asile et l’immigration dimanche dans Le Parisien, avant sa présentation mercredi prochain en Conseil des ministres.

>> Le projet de loi immigration vise à "mieux intégrer et mieux expulser", selon Gérald Darmanin

franceinfo : Gérald Darmanin veut créer un titre de séjour pour les métiers en tension sans pour autant régulariser en masse. Qu'en pensez-vous ?

Pascal Mousset : C'est une très bonne idée pour simplifier les démarches administratives et régulariser les situations qui mettent en danger les entreprises sur le plan juridique. On n'est jamais sûrs que les gens qui sont chez nous sont les bonnes personnes. On veut que les gens qui veulent bosser, qui ont des compétences puissent le faire parce que nos entreprises ont besoin de main d'œuvre et la restauration n'est pas le seul secteur dans ce cas. Donc, c'est du bon sens et cela met fin à une hypocrisie.

Combien employez-vous d'étrangers ? Quelles difficultés rencontrez-vous ?

Nous avons environ 25 collaborateurs de nationalité étrangère sur 80. La difficulté majeure que j'ai rencontrée ce sont des collaborateurs qui travaillent sous alias. Ils se présentent dans l'entreprise avec un titre de séjour qu'on fait authentifier par la préfecture de police, elle nous autorise ensuite à les embaucher. Au bout de deux ans, le collaborateur nous dit qu'il travaille avec les papiers d'un autre et on se retrouve dans des situations assez kafkaïennes. C'est arrivé à tous les restaurateurs et dans d'autres secteurs aussi. On se retrouve ensuite dans des situations qui nous obligent soit à licencier le collaborateur à grands frais, soit à le régulariser. Dans ce cas, on part dans des situations administratives qui sont longues, couteuse alors que l'on s'est souvent attaché à lui et c'est compliqué de s'en séparer.

Pourquoi ne pas employer des Français pour simplifier les choses ?

Il n'y a pas de candidat. Dans un secteur comme le nôtre, les candidats qui se présentent sont aux deux tiers de nationalité étrangère sur des postes de serveur, de cuisinier, d'officier de cuisine, de femmes de chambre.

"On est tributaires de cette main d'œuvre étrangère. Les Français ne souhaitent plus faire ce métier et ceux qui le souhaitent vont l'exercer à l'étranger parce que la rémunération est meilleure."

Pascal Mousset

à franceinfo

Au-delà des alias, est-ce qu'il y a d'autres points qui posent problèmes ?

Il y a également une situation qui est ubuesque, ce sont les jeunes qui font leurs études en France et qui sont étrangers. Ils font un bac pro, un CAP, un BTS, ils travaillent avec une carte de séjour étudiant et quand ils ont leur diplôme, ils rentrent sur le marché du travail et à ce moment-là se pose le problème de les embaucher. Cela prend des mois pour qu'ils aient un titre de séjour en bonne et due forme. On les a formés, gardés trois ans en entreprise, mais on ne peut pas les embaucher à l'issue de leurs études pour des raisons administratives alors qu'ils sont professionnels.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.