Suppression de l'AME pour les sans-papiers : "C'est une mesure démagogique", dénonce un infectiologue signataire de l'appel des 3 500 médecins à "désobéir"
"C'est une mesure démagogique", dénonce samedi 11 novembre sur Franceinfo Nathan Peiffer-Smadja, infectiologue à l'hôpital Bichat à Paris, signataire de la tribune contre la suppression de l'AME, l'aide médicale d'Etat. Quelque 3 500 médecins salariés et libéraux, opposés à la suppression de l'aide médicale de l'Etat (AME) aux sans-papiers, s'engagent à "désobéir" et "continuer de soigner gratuitement" ces malades si le dispositif devait disparaître, dans un appel transmis, samedi 11 novembre, à l'AFP.
Nathan Peiffer-Smadja a signé cet appel car la suppression de l'AME, votée ce mardi au Sénat dans le cadre de l'examen du projet de loi immigration, est contraire au respect du serment d'Hippocrate, car "on prête serment en disant qu'on donnera nos soins à quiconque le demandera, y compris les indigents". Cet appel à désobéir, c'est une façon pour les médecins "de rester fidèle à cette ligne en disant qu'on donnera des soins à des gens qui en ont besoin". Pour Nathan Peiffer-Smadja, "ce n'est pas une mesure qui a un sens médical, humain et économique. On a besoin de pouvoir prendre en charge les gens, faire des examens, les traiter pour les maladies au plus tôt". Il ne faut pas "attendre que leur maladie s'aggrave ou qu'ils aient besoin de soins urgents pour pouvoir intervenir médicalement. Ça semble sensé d'avoir une prise en charge pour ces gens et c'est indispensable", insiste l'infectiologue.
"Je ne constate pas d'abus dans ma pratique."
Nathan Peiffer-Smadjaà franceinfo
"Pour la santé publique c'est une catastrophe", parce que "ce sont des gens qui ont des pathologies qu'on a intérêt à prendre en charge le plus tôt possible, sinon on devra les soigner plus tard et ça coûtera plus cher", avertit Nathan Peiffer-Smadja. "Je ne constate pas d'abus dans ma pratique", répond-il à ceux qui pensent que l'existence de l'AME crée un appel d'air à l'immigration clandestine.
"L'AME est soumise à conditions de ressources, ce sont des gens qui gagnent moins de 800 euros par mois, des gens précaires, fragiles avec des maladies lourdes qui ont un état de santé qui est moins bon que le reste de la population", précise l'infectiologue.
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