Projet de loi immigration : le gouvernement est-il prêt à négocier des quotas avec LR ?
Gérald Darmanin, qui a présenté mercredi avec Olivier Dussopt les grandes lignes de la future loi immigration, est prêt à discuter quotas avec Les Républicains alors qu’il n’en est pas fait mention dans le texte. Une position qui pourrait entraîner des dissensions au sein même du gouvernement.
Le sujet des quotas pourrait bien virer à la polémique, voire en ligne de fracture au sein même du gouvernement. Gérald Darmanin et Olivier Dussopt, les ministres de l'Intérieur et du Travail, ont présenté mercredi 2 novembre les grandes lignes de la future loi immigration, attendue en débat au Parlement début 2023. Or, s’ils ne sont pas évoqués dans le texte, Gérald Darmanin, se dit ouvert à discuter des quotas avec Les Républicains. La question n’est en effet absolument pas un tabou pour le ministre de l’Intérieur. Il est prêt à les intégrer au projet de loi, par exemple, par la voie d'amendement.
Mais jeudi matin, le son de cloche n'était pas franchement le même chez Olivier Dussopt sur franceinfo. Le ministre du Travail est apparu beaucoup plus nuancé : "Cette méthode, qui peut paraître séduisante, n'est pas vraiment opérationnelle", a-t-il jugé.
Quels sont les métiers en tension ? ➡️ "Cette liste va être révisée début 2023”, annonce le ministre du Travail. “Cette liste est déjà utilisée pour des questions migratoires.” “Il faut regarder la réalité en face”, pour Olivier Dussopt. “Il ne s’agit pas de quotas.” pic.twitter.com/gDlWMsOAqL
— franceinfo (@franceinfo) November 3, 2022
En réalité, la question des quotas est un vieux serpent de mer des débats sur l'immigration qui a toujours divisé droite et gauche. En 2019, Emmanuel Macron avait évoqué l'idée au moment du Grand débat, avant de se raviser. En février dernier, il estimait que des quotas ne seraient pas réalistes. Matignon laisse entendre aujourd'hui que la Première ministre Élisabeth Borne n'est pas opposée "par principe" à cette question et entend laisser vivre le débat parlementaire.
Mais pourquoi Gérald Darmanin est-il si allant sur cette question des quotas ? Parce qu’il est lancé dans une forme d'offensive politique. Mercredi dans le journal Le Monde, il se disait prêt à assumer des "mesures fermes", pour éviter que d'autres le fassent à sa place, sous-entendu, Marine Le Pen, si elle est élue en 2027.
>> "Sa méthode est agaçante" : Gérald Darmanin crispe certains au sein du gouvernement
Accusé, par certains dans les rangs de la majorité de prendre un virage trop à droite, Gérald Darmanin sait qu'il va devoir rallier à sa cause ses anciens amis des Républicains, s'il veut faire adopter ce projet de loi sur l'immigration. D'ailleurs, il a déjà montré des signes d'ouverture sur un autre texte - la loi de programmation du ministère de l'Intérieur - où il a accepté un amendement d'Éric Ciotti pour doubler les places en centres de rétention. La question des quotas est un totem porté par la droite, elle ressemble fort à un gage, alors que les LR redoutent des vagues de régularisations massives. "Quel scandale !", s'énerve un député Renaissance, tendance aile gauche. D'ailleurs, l'examen du texte au Parlement commencera début 2023 d'abord au Sénat, tenu par la droite, l'endroit idéal pour détricoter un texte, jusqu'ici présenté comme la parfaite synthèse du "en même temps", si cher à Emmanuel Macron.
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