Métiers en tension : à Marseille, une formation destinée spécifiquement aux personnes étrangères pour le secteur de l'aide à domicile
Dans cette salle de classe marseillaise aux allures d'appartement, la professeur est puéricultrice et manipule un poupon, devant le regard attentif de cinq femmes d'origine étrangère. Elle les forme aux métiers de l'aide à domicile : une initiative de la Fédération des particuliers employeurs pour prévenir le manque de main-d’œuvre dans le secteur. Alors que le projet de loi immigration arrive au Sénat ce lundi, son article 3 fait débat, car il prévoit de régulariser les sans-papiers travaillant dans les métiers en tension, comme ceux du soin à la personne.
Tandis que la professeure explique comment nettoyer un bébé, Sofata, une Comorienne, se réjouit de cette formation. Elle y voit l'opportunité d'obtenir une situation en France. "Je vais pouvoir travailler, je suis trop contente", glisse-t-elle. Les autres élèves sont marocaine, algérienne, sénégalaise ou encore ukrainienne. Leur formation dure quatre mois, et inclut des cours de français, de citoyenneté, mais aussi des épreuves pratiques, détaille Virginie Pappalardo, la responsable.
"Elles ont toutes les techniques, toutes les pratiques pour pouvoir travailler auprès d'enfants ou de personnes âgées. C'est leur donner une dignité de pouvoir travailler à domicile en étant des professionnelles."
Virginie Pappalardo, responsable de la formationfranceinfo
"Cette formation ouvre des portes", confirme Moufida, une Algérienne de 46 ans. Elle a obtenu son tout premier diplôme grâce à cette initiative et n’a pas eu de mal à trouver du travail. "Quand j'ai fini la formation, j'ai travaillé chez quelqu'un. Maintenant, je travaille chez quelqu'un d'autre. J'aime aider les gens", explique-t-elle.
Le secteur de l’emploi à domicile manque de main-d’œuvre. "On a au total 800 000 postes à pourvoir d'ici 2030", indique Pierre Olivier Ruchenstain, le directeur de la fédération des particuliers, qui alerte sur le vieillissement de la population. Il rappelle également qu’un salarié de l'aide à domicile sur cinq est étranger. "Le phénomène migratoire dans notre secteur existe. Nous sommes favorables à la régularisation, qui nous semble de toute façon nécessaire", ajoute-t-il.
Pour accompagner les personnes migrantes qui souhaitent travailler dans l’aide à domicile, la Fédération des particuliers employeurs compte multiplier ses formations en France, à commencer par la région parisienne.
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