Loi immigration : après Les Républicains, l’exécutif pose à son tour ses lignes rouges
Le gouvernement tente d'avancer sur sa loi sur l'immigration. Il y a une semaine, Les Républicains, partenaires indispensables pour faire adopter le texte, avaient posé leurs conditions : une révision constitutionnelle et la sortie de certains textes européens et internationaux, notamment. L'exécutif fixe à son tour ses lignes rouges. Et la première est : pas de sortie des traités européens, comme le réclamait la droite. "Ce n'est pas parce qu'on sort de l'Europe qu'on a moins d'immigrés. Regardez la Grande-Bretagne !", fait-on valoir autour de Gérald Darmanin.
Deuxième ligne rouge, le titre de séjour "métiers en tension". La droite le refuse en bloc, mais l'aile gauche de la majorité en fait un totem. "On est prêts au compromis acceptable", assure-t-on au ministère de l'Intérieur. La mesure prévoit un titre de séjour pour ceux qui exercent un métier en tension à condition d'être sur le territoire depuis trois ans. "Si les LR veulent cinq ans, pourquoi pas ? S'ils veulent un salaire minimum pour ces personnes ? Pourquoi pas ?", explique-t-on autour de Gérald Darmanin.
Des discussions formelles prévues mi-juin
Tout le reste du texte est négociable. "Pour l'instant, on jouait au tennis tout seul, là, on nous renvoie la balle", se satisfait-on. Mineurs non accompagnés, conditionnement des visas, voire réforme de l'aide médicale d'État... Au ministère de l'Intérieur, on assure avoir vu des choses très intéressantes dans les propositions de la droite. C’est de toute façon le prix à payer pour espérer avoir une majorité.
Pour l'instant, Les Républicains restent sur leurs positions. "Au président de sortir du ‘en même temps’", réclame le patron du parti Éric Ciotti. "Que le débat soit tranché par le peuple", demande le chef des sénateurs LR Bruno Retailleau, même si, en coulisses, un dirigeant du parti nous confiait ces derniers jours faire le pari que la sortie de certaines règles internationales et européennes ne serait pas une condition sine qua non aux négociations. "C'est une façon pour la droite d'avoir un argument pour la prochaine présidentielle", décrypte-t-on au sommet de l'exécutif.
La droite, pour l'instant, n'a pas entamé formellement de discussions. Ça devrait être le cas mi-juin. Mais, bien loin des échanges LR-gouvernement sur la réforme des retraites, Gérald Darmanin veut cette fois recevoir des représentants de la droite, mais aussi de toutes les composantes de la majorité, une sorte de conclave pour aboutir à un consensus d'ici la fin du mois de juin, sans fumée blanche. LR est prévenu, dit-on place Beauvau. "La question c'est : est-ce que LR est encore un parti de gouvernement ou un club de pensée qui reste dans son coin ?", façon pour l'exécutif de faire passer la pression de ses épaules vers celles de la droite.
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