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Immigration : "C'est le projet de loi de la honte", dénonce Sophie Binet

La secrétaire générale de la CGT était l'invité du "8h30 franceinfo", ce lundi.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, invitée de franceinfo, le 11 décembre 2023. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

"C'est le projet de loi de la honte", fulmine lundi 11 décembre sur franceinfo Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, à propos du projet de loi immigration examiné à partir de ce jour à l'Assemblée nationale. Selon elle, il "remet en cause les fondamentaux de notre République en matière de droit du sol, d'égalité d'accès à la santé, de droit d'asile notamment".

Sophie Binet ajoute que ce projet de loi est aussi celui de "de l'hypocrisie", parce que "c'est faire comme si en France, il n'y avait pas des secteurs entiers qui tournent grâce à l'apport de travailleurs et de travailleuses étrangers". Elle le juge par ailleurs inutile puisque " ça fait quasiment un projet de loi chaque année depuis 30 ans. Je ne suis pas sûre qu'on ait besoin chaque année de réformer les droits en matière d'immigration". Enfin, la secrétaire générale affirme que ce projet de loi est "dangereux" parce qu'il "stigmatise les étrangers et qu'il va donner les pleins pouvoirs aux préfectures".

Concernant la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension et les quotas de régularisation proposés par l'ancien Premier ministre Édouard Philippe, Sophie Binet répond : "Un travailleur ce n'est pas seulement un agent économique, c'est une personne qui a le droit de vivre avec sa famille, de scolariser ses enfants, d'avoir accès à la santé et qui doit pouvoir se projeter sur le moyen-long terme. Si c'est dépendre d'un métier en tension dont la définition peut changer tous les deux-trois ans, ça n'a aucun sens et ça rajoute de la précarité".

La CGT propose donc "une option de bon sens", explique Sophie Binet. "Dire que, dès lors qu'il y a une preuve de travail, on doit pouvoir être régularisé". Pour la secrétaire générale, ne pas aller dans ce sens, c'est accentuer la précarité des sans-papiers : "Une personne qui travaille et qui n'a pas de titre de séjour, c'est une personne à qui l'employeur peut imposer des horaires sans limite, peut imposer de travailler au noir, peut imposer des conditions de travail extrêmement pénibles". La conséquence, pour Sophie Binet, "c'est de tirer l'ensemble des salariés vers le bas". Pour éviter cela, "il faut donc permettre l'accès à un titre de séjour pour garantir l'égalité des droits entre travailleurs et travailleuses".

À16 heures lundi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin défendra ce texte visant, selon sa formule, à faciliter l'expulsion "de ceux qui se comportent mal" et l'intégration "de ceux qui se comportent bien". Mais dans la foulée, le projet de loi sera soumis au vote d'une motion de rejet préalable déposée par les écologistes. Si gauche, droite et RN s'y ralliaient, elle pourrait être adoptée et interrompre d'emblée l'examen du projet de loi. 

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