Circulaire Retailleau : le PS mettra "dans la balance" la politique migratoire pour censurer ou non le gouvernement


La régularisation des travailleurs sans-papiers doit rester "exceptionnelle". Bruno Retailleau demande aux préfets de serrer la vis. Le ministre de l'Intérieur donne la consigne dans une nouvelle circulaire applicable dès vendredi 24 janvier. Elle remet en cause la philosophie de la circulaire Valls qui, depuis 13 ans, permet chaque année aux préfectures d'accorder un titre de séjour à 30 000 personnes, par le travail ou pour motif familial.
Cette réforme signe la fin de la régularisation "à tour de bras", affirme Bruno Retailleau. La gauche ne manque pas de qualificatifs pour dénoncer cette circulaire. Le PCF demande l'abrogation de la circulaire et réclame un débat au Parlement, dans un communiqué de presse publié vendredi. Le Parti communiste français "condamne" cette circulaire qui "constitue un recul majeur en matière de droit du travail et de droits des étrangers en France, qui nous concerne tous et toutes". Pour les communistes, elle risque "d'accentuer le recours au travail illégal dans notre pays".
"Abject, absurde, affront aux valeurs de la République." Et la patronne des députés écologiste Cyrielle Chatelain ajoute "hypocrisie". "Ne pas régulariser, ça ne veut pas dire que les personnes vont soudain disparaître, mais qu'on les condamne à la clandestinité, et donc "à la précarité", prévient-elle. Pour l'écologiste, le ministre de l'Intérieur mène "une croisade idéologique". "Je pense que Bruno Retailleau, de par ses actions, ses mots, est une personne raciste et qu'il n'a pas sa place dans un gouvernement", tranche-t-elle.
"Une dérive inacceptable"
Les députés écologistes demandent à François Bayrou de "recadrer son irresponsable de l'Intérieur". "Sans cela, nous considérons que la ligne de Bruno Retailleau constitue celle du gouvernement, et celui-ci portera la responsabilité d’un climat politique et social de plus en plus toxique", avertissent les écologistes. Ils dénoncent une "dérive inacceptable", "au service d'une bataille culturelle xénophobe et ultra-réactionnaire".
"Soyons clairs : à elles seules, ces provocations pourraient justifier le vote d’une censure du gouvernement."
Les élus écologistesà franceinfo
Un avis partagé par Antoine Léaument. Le député insoumis appelle les partis qui n'ont pas censuré le gouvernement Bayrou après la semaine dernière à le faire la prochaine fois. Il pense surtout au PS. "Si on l'avait viré la semaine dernière, il n'y aurait pas écrit 'date de signature, 23 janvier 2025, du ministre de l'Intérieur', parce qu'il ne serait plus là pour la faire, sa circulaire pourrie."
"Ne pas censurer, c'est se rendre complice du gouvernement."
Antoine Léaument, député LFIà franceinfo
Complice de Bruno Retailleau ? Certainement pas, se défend le porte-parole du groupe PS à l'Assemblée, Arthur Delaporte. "Si nous avions voté la censure la semaine dernière, le gouvernement serait toujours en place. Le Rassemblement national n'aurait pas voté la censure", rappelle l'élu. Mais il prévient : la politique migratoire comme le budget "seront mis dans la balance" quand le PS devra se prononcer pour ou contre la censure.
Bruno Retailleau, lui, ne compte pas s'arrêter à cette nouvelle circulaire. Il en prévoit une autre pour cette fois durcir les conditions d'accès à la nationalité française.
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