HLM à prix cassé : Christine Boutin débarque son bras droit
Dans un communiqué de Matignon publié ce matin, François Fillon et Christine Boutin avaient "jugé nécessaire la démission de M. Jean-Paul Bolufer de son poste de directeur de cabinet" de la ministre du Logement.
Dont acte et fin de la polémique.
_ Quelques minutes plus tard, Jean-Paul Bolufer a présenté sa démission. Moins de 24 heures après les révélations du Canard enchaîné sur le logement HLM de 190 mètres carrés à loyer très modéré qu’occupe le bras droit de Christine Boutin (LIRE NOTRE ARTICLE), la question a été tranchée.
Jean-Paul Bolufer dénonçait pourtant dans les colonnes du Parisien/Aujourd’hui en France "la chasse à l’homme" dont il estime être l’objet et soulignait que son cas "ressemble à celui de milliers" de Parisiens. Le préfet hors-cadre se disant même "prêt à rediscuter les conditions de (s)a location. Peut-être faut-il vérifier les loyers par rapport aux revenus", suggérait le directeur de cabinet de Christine Boutin.
Le devoir d’exemplarité des ministres aura donc primé sur la renégociation des conditions du bail. Interpellée hier à l’Assemblée nationale au cours des questions d’actualité au gouvernement, Christine Boutin avait indiqué : "Permettez-moi de régler le problème entre lui et moi".
En 1995, le polémique autour de l'appartement d'Alain Juppé avait traîné trois mois. En 2005, Hervé Gaymard avait jeté l'éponge au bout de 10 jours. Pour Jean-Paul Bolufer, il aura fallu moins de 24 heures (LIRE NOTRE ENCADRE).
"Au moins 200.000 dans son cas"
Ce chiffre de 200.000 foyers qui occupent indûment des logements dans le parc social alors que leurs ressources dépassent les plafonds "est celui annoncé par l’Union sociale pour l’habitat" (USH, qui regroupe les organismes HLM), précise ce matin le président de l’Union nationale de la propriété immobilière. "Je ne veux pas qu’il se sente tout seul", ironise Jean Perrin, ajoutant vouloir "apporter son réconfort" à Jean-Paul Bolufer.
Le désormais ex-numéro 2 du ministère du Logement, interlocuteur privilégié des associations de mal-logés, occupe cet appartement de 190 mètres carrés situé au cœur des beaux quartiers, Port-Royal à Paris (Ve), depuis 1981. Il s’agit d’un logement à loyer modéré de la Régie immobilière de la ville de Paris (RIVP) que le numéro 2 du ministère du Logement loue 6,30 euros le mètre carré. Soit quatre à cinq fois moins que les prix du marché, selon le Canard enchaîné qui révélait l’affaire dans son édition d’hier.
La RIVP affirme avoir écrit il y a quelques jours à Jean-Paul Bolufer pour lui signifier la rupture de son bail.
Gilles Halais
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