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Violences sexuelles sur mineurs : "La Ciivise gagne du terrain sur le déni" et doit poursuivre sa mission, estime son coprésident

En deux ans, la Ciivise a recueilli "25 000 témoignages", indique Édouard Durand ce lundi sur France Inter.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Édouard Durand, coprésident de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, invité de France inter lundi 12 juin. (FRANCE INTER / RADIO FRANCE)

"Témoignage après témoignage, la Ciivise gagne du terrain sur le déni", a estimé Édouard Durand, coprésident de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), lundi 12 juin sur France Inter. Créée en 2021 par le gouvernement, la Ciivise est censée rendre son rapport final en novembre, mais son coprésident plaide pour que sa mission se poursuive. Il refuse de dire "aux 5,5 millions de femmes et hommes victimes de violences sexuelles que la parenthèse se referme".

Édouard Durand présente la Commission comme "un espace où nous faisons penser l'enfant à partir du témoignage des adultes, où nous impulsons des politiques publiques de protection". "C'est un espace public et indépendant, un espace à la fois de reconnaissance et de vigilance", ajoute le juge des enfants. Depuis son lancement en 2021, la Ciivise a recueilli "25 000 témoignages, 9 000 formulaires remplis sur [le] site internet". Édouard Durand appelle donc à "continuer ce qui fonctionne". "La Ciivise doit continuer sa mission", martèle-t-il.

10 milliards d'euros, "une estimation basse"

La Commission indépendante estime à 9,7 milliards d'euros le coût annuel des violences sexuelles sur les mineurs en France. En présentant ce chiffre, la Ciivise veut provoquer "un électrochoc", confie son coprésident. Édouard Durand indique que sur ces près de 10 milliards d'euros, "70 % représentent les conséquences à long terme sur la santé". "Ces personnes doivent consacrer une énergie extrêmement importante chaque jour pour lutter contre le présent perpétuel de la souffrance", explique le magistrat. Il évoque plusieurs témoignages montrant que "dans la rue, au travail, la moindre petite chose comme un son, une couleur, une odeur, peut vous replonger dans la scène traumatique".

Si ce chiffre peut paraître impressionnant, il s'agit d'une "estimation basse" : "À chaque fois qu'un poste de coût manquait d'élément pour le chiffrage, il a été écarté", affirme Édouard Durand. Pour savoir par exemple "combien coûte une hospitalisation pour violences sexuelles", la Ciivise a regardé "combien d'enfants sont hospitalisés chaque année, combien le sont pour violences sexuelles et combien coûte une hospitalisation". Le coprésident de la Ciivise donne plusieurs exemples de "conséquences à long terme sur la santé des violences sexuelles" : Édouard Durand cite notamment "la surconsommation médicale, les surconsultations de médecine spécialisée pour les douleurs gynécologiques ou les douleurs dorsales, le traitement des addictions comme l'alcoolisme et la toxicomanie et les pertes de productivité".

Face à ce constat, "nous proposons un parcours de soin spécialisé du psychotraumatisme", annonce Édouard Durand. Il regrette qu'actuellement un tel parcours de soin ne soit "proposé que de façon très aléatoire et très insuffisante". "Les délais d'attente dans les institutions publiques type CMP (Centre médico-psychologique) sont extrêmement longs et les praticiens ne sont pas suffisamment spécialisés, car la société ne veut pas encore s'engager dans ce processus", déplore le coprésident de la Ciivise.

Pourtant, selon Édouard Durand, avoir un parcours de soin spécifique "permet aux victimes d'aller mieux, de mettre à distance l'agresseur qui colonise toujours leur pensée et leur quotidien". Il pointe également du doigt un manque "de formation et de spécialisation des thérapeutes".

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