Cet article date de plus de deux ans.

Vidéo Agressions sexuelles : trois victimes d'anciens dirigeants du Refuge témoignent

Publié Mis à jour
Article rédigé par franceinfo
Radio France

Après la mise en examen de deux anciens dirigeants de l'association Le Refuge notamment pour des infractions sexuelles, trois victimes témoignent auprès de franceinfo de ce qu'elles ont subi. 

Deux anciens dirigeants de l'association Le Refuge, une fondation qui aide et accueille des jeunes LGBT+ en souffrance, ont été mis en examen le 21 janvier pour harcèlement moral ou sexuel, agression sexuelle ou encore abus de faiblesse. Il s'agit de Nicolas Noguier, le fondateur, et Frédéric Gal, l'ancien directeur général. Au moins 18 plaintes ont été recensées. Depuis, des témoignages affluent. franceinfo a recueillir celui de trois victimes. Les deux mis en examen nient les faits.

"Personne ne m'a cru ni soutenu"

À 17 ans, Lilio Padovano a été poussé dehors par ses parents, qui lui reprochaient son homosexualité. Il a contacté le Refuge en avril 2019 et y a vécu pendant un an. Aujourd'hui, il porte plainte contre Nicolas Noguier pour agression sexuelle et abus de faiblesse. "Je suis resté dans sa voiture seul avec lui pendant quarante-cinq minutes le temps d'un trajet de Montpellier à Nimes [...]. Quand on est rentrés sur l'autoroute, il a commencé à poser sa main sur mon genou et à me caresser la cuisse jusqu'à remonter et toucher mes parties intimes." 

Il affirme avoir été menacé par le fondateur de l'association. "Il m'a dit : 'Ce n'est pas ton appartement. Si je veux te foutre à la rue, je peux le faire. Ce sont des menaces horribles car, à ce moment-là, on n'a rien. On a juste le Refuge. C'est notre famille, notre toit, notre nourriture. On vit du Refuge donc entendre ces mots du président de l'époque, c'était horrible." Il affirme avoir tenté d'alerter : "J'ai essayé d'en parler mais personne ne m'a cru et soutenu."

"C'est devenu de plus en plus intime"

Benjamin Ledig a été victime d'un viol à 16 ans et a contacté le Refuge pour bénéficier d'un accompagnement psychologique. Nicolas Noguier lui a ensuite envoyé des messages. "Au début c'était plutôt bienveillant. Il prenait des nouvelles de moi et me soutenait par rapport à ce pourquoi je les avais contactés. Puis, c'est devenu de plus en plus intime et de plus en plus déplacé", se souvient-il. Jusqu'à des visioconférences, qui le mettent très mal à l'aise. "Je les avais contactés parce que je m'étais fait violer quelques mois auparavant. J'avais besoin d'aide et j'étais détruit mentalement, perdu, vulnérable. Je me retrouvais au final en visio avec trois personnes de 40 ans qui me demandaient la taille de mon sexe et mes envies."

Il a été en quelque sorte rassuré par la libération de la parole qui s'est produite. "Je n'ai pas été le seul à avoir été mal à l'aise. Peut-être que si j'ai ressenti ça, ce n'est pas parce que c'était moi le problème ou que je m'inventais quelque chose mais que c'était réellement problématique."

"J'ai reçu des menaces de mort" 

Yohann Allemand a été hébergé au Refuge il y a quinze ans puis est devenu bénévole, avant de démissionner. En 2020, il crée l'Association de défense des anciens du Refuge (Adar). "Depuis ces mises en examen, on a reçu plusieurs témoignages, dont un assez grave. On voit que la parole se libère un peu plus et c'est une bonne chose", se félicite-t-il. Il dit avoir été victime de pressions pour avoir dénoncé le premier ces pratiques. "Quand vous vous attaquez à une entité comme la fondation Le Refuge [...], c'est extrêmement difficile. J'ai reçu des menaces de mort, des appels et des attaques sur les réseaux sociaux." 

Il dit avoir dû s'installer dans le sud de la France pendant trois mois. "C'était très cimpliqué à gérer. J'ai dû arrêter de travailler parce que ce n'était plus possible psychologiquement. C'était aussi compliqué de continuer mon travail tout en s'occupant de l'affaire. Mais je n'ai aucun regret. Quand je vois le résultat aujourd'hui, je me dis que j'ai bien fait de ne pas baisser les bras."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.