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Pédocriminalité : ce que l'on sait de l'opération inédite qui a abouti à 80 interpellations en France

Les suspects interpellés ont entre 30 et plus de 60 ans. "Cela va de l'élu local au chômeur, en passant par l'ingénieur", selon le commissaire Quentin Bevan.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'opération a été coordonnée par l'office des mineurs (Ofmin) de la police judiciaire. Photo d'illustration. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

Un "grand coup de filet contre la pédocriminalité", a salué Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, vendredi 8 décembre, sur le réseau social X. Au cours des jours précédents, 80 hommes soupçonnés de pédocriminalité ont été interpellés à travers le pays. Une opération d'une ampleur "jamais vue" en France, selon le commissaire Quentin Bevan, chef du pôle opérationnel du nouvel Office des mineurs (Ofmin) de la police judiciaire, qui a coordonné l'enquête. Tous les mis en cause ont reconnu les faits lors de leurs gardes à vue, même si certains ont tenté de minimiser ou de se dédouaner. "Les investigations sont toujours en cours", a précisé Gérald Darmanin. Franceinfo revient sur ce que l'on sait de cette opération inédite. 

Des interpellations dans 53 départements 

Ces 80 interpellations ont eu lieu dans pas moins de 53 départements, dont deux d'outre-mer, a expliqué Quentin Bevan à l'AFP. A l'arrivée des policiers et gendarmes, certains des suspects étaient en train de télécharger des contenus pédocriminels. D'autres ont tenté de casser leur ordinateur "à coups de marteau".

Les suspects ont été placés en gardes à vue pour "détention, consultation, diffusion et partage d'images pédocriminelles", puis 51 d'entre eux ont été présentés à un juge. Parmi eux, 13 personnes ont été écrouées : certains hommes ont été condamnés à de la prison ferme en comparution immédiate et d'autres ont été placés en détention provisoire dans l'attente de leur jugement. Les autres, soit 38 suspects, ont été placés sous contrôle judiciaire.

D'autres gardes à vue ont par ailleurs été levées, en attendant l'exploitation des supports numériques. Parmi les personnes interpellées, plusieurs ont déjà été soupçonnées dans le passé, ou sont actuellement mises en cause dans des affaires de pédocriminalité, d'après le bilan de l'opération, consulté par TF1. "Six individus ont révélé un profil particulièrement inquiétant", selon le document. 

Des hommes de tous les milieux

"Dans la pédocriminalité, il n'y a pas de profil type, on retrouve toutes les catégories socioprofessionnelles", souligne Quentin Bevan. Les 80 suspects interpellés ont entre 30 et plus de 60 ans et "cela va de l'élu local au chômeur, en passant par l'ingénieur", précise le chef du pôle opérationnel de l'Ofmin. 

Les policiers ont cherché à cibler les profils étant en contact régulier avec des enfants. Deux professeurs des écoles, des entraîneurs sportifs ou encore un surveillant dans un foyer d'enfants en situation de handicap ont été interpellés. 

"Ce ne sont pas des individus qui avaient des contacts directs entre eux, mais ils échangeaient sur les mêmes plateformes des images pédocriminelles", a précisé Quentin Bevan à TF1.

Des contenus "extrêmement violents" retrouvés 

Chez plusieurs suspects, "plus de 100 000" contenus pédocriminels, des photos et vidéos, ont été retrouvés au cours des perquisitions. D'après Quentin Bevan, ces images étaient stockées dans des ordinateurs, disques durs ou autres supports numériques. Le commissaire décrit à l'AFP des contenus "extrêmement violents" qu'il qualifie d'"immonde de l'immonde". Il cite notamment "des actes sexuels commis sur des nourrissons, ou des enfants abusés sexuellement avec des animaux". 

"Nous nous concentrons sur les profils les plus dangereux, c'est-à-dire les personnes qui se distinguent par le volume de leurs téléchargements, cela peut aller jusqu'à plusieurs milliers de fichiers, ou par la sensibilité et la gravité des contenus téléchargés", explique Gabrielle Hazan, la directrice de l'Ofmin, dans Le Parisien. "Chaque année en France, plusieurs centaines de milliers d'internautes visionnent et échangent des contenus de nature pédocriminelle", rappelle-t-elle.

Des suspects accusés de violences sexuelles 

Parmi les 80 hommes interpellés, une "dizaine" sont soupçonnés de viols sur mineurs ou d'agressions sexuelles, selon l'Ofmin. L'un des enseignants arrêtés est ainsi accusé d'avoir agressé sexuellement au moins une élève et possédait chez lui des "photos et vidéos volées de ses élèves à connotation sexuelle". "Il avait sexualisé ces images", décrit Quentin Bevan. Le surveillant dans un foyer d'enfants en situation de handicap avait quant à lui été condamné pour viol "il y a plusieurs décennies". Il a pu travailler de nouveau avec des enfants après un changement d'identité. 

Le commissaire de l'Ofmin souligne ces liens entre détention ou consultation de contenus pédocriminels et violences sexuelles. "Souvent on observe cette montée en puissance, ils visionnent des images de plus en plus nombreuses, de plus en plus violentes, avec des enfants abusés de plus en plus jeunes, et c'est cela qui va les griser", développe-t-il auprès de France 2. un certain moment de leur parcours pédocriminel, [cela] va les pousser à faire des tentatives ou du passage à l'acte réel sur des enfants." 

Des "milliers" d'enfants victimes 

"Derrière ces images, ce n'est pas artificiel, ce sont des enfants, c'est-à-dire des milliers d'enfants victimes de viols, d'actes de torture et de barbarie", relève Martine Brousse, cofondatrice et présidente de l'association La Voix de l'enfant, auprès de France 2. "Derrière ces crimes, il y a des enfants traumatisés, non seulement par les crimes mais par le partage de ces images. Il faut donc pouvoir les détecter, pouvoir sauver des enfants et interpeller encore plus de prédateurs", défend également Mié Kohiyama, cofondatrice de l'association Be Brave France, sur franceinfo. "Toutes les deux secondes, on a une image ou une vidéo de ce type qui est signalée, c'est une criminalité exponentielle."

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