#Metoo des armées : un sous-officier du cabinet militaire de l'ex-ministre des Armées condamné à 2 ans de prison avec sursis pour harcèlement sexuel

La plaignante avait 21 ans au moment des faits et a subi pendant des mois le harcèlement sexuel de son supérieur hiérarchique, qui avait 15 ans de plus qu'elle.
Article rédigé par Margaux Stive
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les faits se sont déroulés pendant plusieurs mois à partir de septembre 2021, au cabinet militaire de Florence Parly, à l'Hôtel de Brienne, résidence du ministre située à Paris. (JEREMY LEMPIN / MAXPPP)

Un sous-officier du cabinet militaire de l'ex-ministre des Armées, Florence Parly, a été condamné à 2 ans de prison avec sursis, jeudi 20 juin, pour harcèlement sexuel sur une jeune militaire de 21 ans au moment des faits, a appris franceinfo auprès de l'avocate de la plaignante. La peine, prononcée au tribunal judiciaire de Paris, a également été assortie d'une interdiction d'exercer une profession militaire pendant 3 ans, d'une peine d'inéligibilité de 3 ans, avec une inscription au casier judiciaire.

"Une excellente décision, conforme à ce qu'elle doit et aurait dû être, avant ou après le #Metoo des armées", a réagi Maître Élodie Maumont, l'avocate de la plaignante, qui affirme que sa cliente est "très satisfaite".

Pour Maître Aurore Ventura, avocate du sous-officier, "il est responsable de ses actes, il a commis un acte qui devait être jugé et condamné", mais à travers lui, "on a voulu faire un exemple et attirer l'attention des institutions militaires pour dire 'réagissez parce que ça ne passe plus'". "L'interdiction d'exercice militaire l'affecte profondément puisque l'institution militaire, c'était sa vie", a ajouté l'avocate. 

Les faits se sont déroulés pendant plusieurs mois à partir de septembre 2021, au cabinet militaire de Florence Parly, à l'Hôtel de Brienne, résidence du ministre. La plaignante, 21 ans au moment des faits, a travaillé avec le sous-officier, son binôme et supérieur hiérarchique, de 15 ans son aîné.

Le harceleur muté, la victime sommée de renoncer à toute poursuite judiciaire

Elle a décrit un quotidien rythmé par des propos "crus, dégradants et humiliants, sexualisant chaque jour ses moindres faits et gestes". Il a plusieurs fois insisté sur à quel point il voulait "la baiser", la suivant jusqu'aux vestiaires et aux toilettes. Il l'a même mise en garde sur une éventuelle consommation d'alcool, précisant qu'il avait hâte qu'elle soit en état d'ivresse pour qu'il puisse profiter d'elle. Des propos ou des comportements parfois tenus devant témoins, mais sans qu'ils produisent du soutien ou une réaction.

Lorsque la plaignante craque, au bout de trois mois et appelle la cellule d'écoute, elle est placée en arrêt maladie. Le sous-officier à l'origine de ces comportements est suspendu 15 jours, placé en télétravail et muté au Centre des hautes études militaires, mais il est demandé à la jeune femme de signer un papier pour s'engager à abandonner toutes poursuites contre lui, ce qu'elle refuse. Elle est alors mutée à Brest contre sa volonté. À la suite de ces évènements, elle a tenté à deux reprises de se suicider. Elle a déposé plainte en juin 2022.

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