"Je réclame le droit de ne pas être importunée" : l'écrivaine Leïla Slimani répond à la tribune polémique du "Monde"
Dans "Libération", la lauréate du prix Goncourt 2016 accuse les défenseures de la "liberté d'importuner" d'avoir une vision "terriblement déterministe" des hommes.
La tribune des cent femmes réclamant pour les hommes la "liberté d'importuner", publiée mardi dans Le Monde, n'en finit pas de faire réagir. Après Caroline De Haas et des militantes féministes sur franceinfo, c'est au tour de l'écrivaine Leïla Slimani de signer une tribune dans Libération, vendredi 12 janvier. Elle y "réclame le droit de ne pas être importunée".
"Je revendique ma liberté à ce qu’on ne commente pas mon attitude, mes vêtements, ma démarche, la forme de mes fesses, la taille de mes seins", poursuit Leïla Slimani. "Je ne veux pas seulement d’une liberté intérieure. Je veux la liberté de vivre dehors, à l’air libre, dans un monde qui est aussi un peu à moi."
Les signataires du texte du Monde estimaient que l'on enfermait les femmes dans un rôle de victimes, et revendiquaient le droit de "ne pas se sentir traumatisée à jamais par un frotteur dans le métro". Leïla Slimani leur répond : "Je ne suis pas une petite chose fragile. Je ne réclame pas d’être protégée mais de faire valoir mes droits à la sécurité et au respect."
Elle critique "une vision rétrograde de la virilité"
L'auteur de Chanson douce, prix Goncourt 2016, accuse les auteures de la tribune polémique d'avoir "une vision terriblement déterministe du masculin : 'un porc, tu nais'". "Les hommes que je connais sont écœurés par cette vision rétrograde de la virilité", répond Leïla Slimani, qui espère que son fils sera "libre, non pas d’importuner, mais libre de se définir autrement que comme un prédateur habité par des pulsions incontrôlables".
"Je ne suis pas une victime. Mais des millions de femmes le sont", rappelle celle qui a récemment publié un ouvrage sur le combat des Marocaines pour une sexualité libre. "Dans les rues du Caire, de New Delhi, de Lima, de Mossoul, de Kinshasa, de Casablanca, les femmes qui marchent s’inquiètent-elles de la disparition de la séduction et de la galanterie ? Ont-elles le droit, elles, de séduire, de choisir, d’importuner ?" poursuit-elle.
Elle conclut en appelant de ses vœux un monde où sa fille "prendra le métro à minuit sans avoir peur, sans même y penser", et qui ne sera pas "un monde puritain", mais "plus juste", où les "jeux de la séduction ne seront que plus beaux et plus amples".
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