Affaire Adèle Haenel : "Ce n’est pas un jeu d’acteur", réagit son avocat, "c’est une colère légitime lorsque l'on s’est fait voler son enfance"

Mardi durant l'audience, l'actrice a quitté la salle après avoir crié "ferme ta gueule" à Christophe Ruggia jugé pour agressions sexuelles, alors qu'Adèle Haenel avait entre 12 et 14 ans. Cinq ans de prison requis, dont trois avec sursis, ont été requis à l'encontre du réalisateur.
Article rédigé par franceinfo
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Me Yann Le Bras, l'un des avocats de l’actrice Adèle Haenel, le 11 décembre 2024 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"On a vu à quel point Adèle Haenel était à fleur de peau, avec une douleur authentique et une colère qui s'est exprimée en pleine audience", décrit mercredi 11 décembre sur franceinfo Me Yann Le Bras, l'un des avocats de l’actrice. Le tribunal correctionnel de Paris rendra son jugement le 3 février concernant le réalisateur Christophe Ruggia jugé lundi et mardi pour agressions sexuelles, alors qu'Adèle Haenel avait entre 12 et 14 ans. Un procès "d’une grande densité et d’une grande tension", selon les termes de Yann Le Bras.

Durant l’audience, mardi, Adèle Haenel a lancé "ferme ta gueule" à Christophe Ruggia qui s’exprimait à la barre, avant de sortir de la salle, laissant échapper sa colère. "Ce n’est pas un jeu d’acteur ou une colère feinte, c’est une colère à fleur de peau qui frappe l’audience", réagit Yann Le Bras. Une colère "assez classique et légitime du côté des victimes lorsque l'on s'est fait voler son enfance, lorsqu’on s'est fait voler son corps enfant", justifie-t-il.

"À la douleur, il a inoculé la colère, le dégoût"

Pour maître Yann Le Bras, si cette colère est liée à la douleur, elle s’enracine également dans la défense de Christophe Ruggia "à partir de 2019". Le réalisateur, "qui pendant longtemps a dit qu’il était tombé fou amoureux de sa jeune actrice", s’est ensuite mis "à accuser Adèle Haenel d’un comportement lascif, lubrique, digne d'une actrice porno, disant cela d’une enfant de douze ans", explique l’avocat. "À la douleur, il a inoculé la colère, le dégoût", ajoute-t-il.

"C'est extrêmement violent d'entendre les explications, ou plutôt les non-explications, de Christophe Ruggia et d'entendre une plaidoirie qui ne dit rien de Christophe Ruggia et qui ne fait que de parler d'Adèle Haenel et de ce qu'elle aurait dit ou pas dit, et la manière dont elle l'a dit [..] , un rhabillage auquel elle n'adhère pas", explique mercredi sur France Culture sa consœur, Anouck Michelin. L'avocate salue le courage d'Adèle Haenel qui, malgré cette violence, "a écouté et enduré comme elle pensait devoir le faire en tant que partie civile". Elle en "sort physiquement et moralement fatiguée".

"Le fait d'avoir été jusqu'au bout de ce processus judiciaire, le fait d'avoir entendu les réquisitions du ministère public, l'ont apaisée", assure toutefois Yann Le Bras. Interrogé sur la possibilité, désormais, pour Adèle Haenel d'envisager son avenir professionnel d’actrice différemment et d’entamer sa reconstruction, Yann Le Bras l’espère. "Nous qui l'accompagnons depuis cinq ans, nous qui avons admiré l'actrice avant d'apprécier l'authenticité de la cliente, on en forme l'espoir", conclut-il.

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