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11-Novembre : trois choses à savoir sur le monument aux morts de la Grande Guerre, inauguré à Paris

Situé au cimetière du Père-Lachaise, il doit être inauguré dimanche par la maire de Paris, Anne Hidalgo. 

Article rédigé par franceinfo
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Le portail du cimetière du Père-Lachaise, à Paris (20e). Le monument aux morts parisiens de la Grande Guerre est érigé le long du mur du cimetière.  (DANIEL THIERRY / AFP)

Pas moins de 94 415 noms. Ils seront mentionnés par ordre alphabétique et année de décès, sur le monument aux morts érigé en hommage aux combattants parisiens de la Grande Guerre, entre 1914 et 1920. Ce monument sera inauguré dimanche 11 novembre par la maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, sur le mur d'enceinte du cimetière du Père-Lachaise (20e arrondissement). Franceinfo répond à trois questions sur ce mur à la mémoire des Parisiens "morts pour la France". 

 C'est le premier monument de ce type à Paris

L'immense majorité des villes et villages de France se sont dotés de monuments aux morts durant l'entre-deux-guerres. Près de 30 000 au total ont été édifiés, rappelle 20 Minutes. Dans la capitale, cela n'avait jamais été fait. "Quand Paris a essayé de le faire, il n'y avait pas les moyens techniques, donc il y a eu des bribes de monuments installés", explique au quotidien Catherine Vieu-Charier, adjointe à la maire de Paris en charge de la mémoire. A défaut d'un seul monument, on trouve dans chaque arrondissement des plaques dans les écoles, des listes dans les églises et des livres d'or dans les mairies. 

"C'est aussi parce qu'il y a la tombe du Soldat inconnu, elle a pris toute la place et s'est substituée aux monuments aux morts", précise dans Le Figaro Isabelle Davion, historienne spécialiste de l'histoire de la guerre et des relations internationales à la Sorbonne.

Huit ans de travail pour recenser les noms

L'historien Jean-Louis Robert a voulu corriger cette exception parisienne. "La première fois que j'en ai parlé en mairie, c'était sous la mandature Tiberi", explique-t-il au Parisien. En 2010, l'universitaire se voit confier par la Ville la mission de recenser tous les noms des Parisiens tombés au combat. 

Un travail de fourmi et de titan. "Avec mes étudiants, nous avons commencé par collecter les noms dans les livres d'or que les mairies doivent obligatoirement détenir", détaille Jean-Louis Robert dans Le Parisien. Problème : dans la mairie du 3e arrondissement, le livre avait disparu. "Nous avons récupéré les noms en examinant un par un les actes de décès des hommes en âge d'avoir servi. Il y avait des doublons (un homme était inscrit sur quatre livres d'or différents), des erreurs sur les noms…", énumère l'historien.

Autre difficulté : "Des fusillés qui n'ont pas eu droit à la mention 'Mort pour la France' et qui ne figurent pas dans la liste du ministère des Armées avec laquelle nous avons comparé nos données", souligne encore Jean-Louis Robert, reconnaissant que le monument aux morts parisiens comportera inévitablement des erreurs ou des oublis.

Un monument de 280 mètres de long, au Père-Lachaise 

Ce monument, conçu par le cabinet d'architecture Philéas, est constitué de 150 panneaux bleu acier, long de 280 mètres pour 1,30 mètre de hauteur. Selon la mairie, citée par 20 Minutes, "un aménagement végétal et paysager lui a été consacré, afin de faciliter son appropriation par le public et d'en faire un lieu propice au recueillement et au souvenir".

Sur le monument, des espaces demeurent vierges pour les oubliés : "Les Parisiens ont la possibilité de nous interpeller si des noms ont été omis. Quand nous avons des demandes, le comité d'histoire de la ville se charge de vérifier", explique l'adjointe Catherine Vieu-Charier au Figaro

Contrairement au monument au mort "virtuel", consultable depuis 2016 sur memorial14-18.paris.fr , l'édifice "physique" inauguré dimanche ne mentionnera que le nom des défunts, pas le lieu où ils ont été tués, ni leur unité d'affectation. "Devant cette liste, on ressentira l’immensité du sacrifice", estime dans Le Parisien Jean-Louis Robert. Selon l'historien, ce monument "tord le cou à l’idée reçu selon laquelle la Grande Guerre a surtout décimé la France rurale. Devant ce mur, on s’aperçoit que le tribut payé par Paris est le même que dans le reste de la France."

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