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Grenelle contre les violences conjugales : "Cela a accouché d'une souris", déplore la Fondation des femmes un an après

Les choses progressent "heureusement", explique la présidente de l'association mais "en réalité, on ne fait pas ce qu'il faut". Une question de "priorisation", selon elle. Elle rappelle que 142 femmes sont mortes l'an dernier sous les coups de leur conjoint.

Article rédigé par franceinfo
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Anne-Cécile Mailfert (D), présidente de la Fondation des femmes, le 3 mars 2020. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

"On est assez déçues parce que ça a accouché d'une souris", déplore mercredi 25 novembre ur franceinfo Anne-Cécile Mailfert, à l'occasion de la journée internationale contre les violences faites aux femmes et un an après les conclusions du Grenelle contre les violences conjugales. La ministre déléguée à l'Égalité entre les femmes et les hommes a pourtant assuré, lors d'une conférence de presse, que 100% des mesures annoncées sont "engagées" et 60% ont déjà été mises en place.

franceinfo : Un an après le Grenelle des violences conjugales, quel bilan faites-vous ?

Anne-Cécile Mailfert : Ça va mieux. Heureusement les choses progressent. Le problème c'est qu'elles ne progressent pas en nombre suffisant et pas assez vite. On est exigeantes parce qu'en bout de course ce sont des femmes qui sont en danger de mort. On parle de 142 féminicides en 2019, un chiffre record. On est à 25% de femmes tuées en plus par rapport à 2018. Pendant le premier confinement, on a eu deux fois moins de féminicides parce que la mobilisation a été impeccable. Donc, concernant ce premier Grenelle des violences conjugales, on est assez déçues parce que ça a accouché d'une souris. On n'a pas eu de vrais changements sur la politique budgétaire, c'est un peu mieux mais on est encore très loin de ce qu'il faudrait. Pour les bracelets anti-rapprochement on a dû mettre la pression pour que ce soit mis en place et ils ont attendu la rentrée pour le faire. Pour le dépôt de plainte à l'hôpital c'est un dispositif excellent qui existe depuis des années mais on n'arrive pas encore à le généraliser. Il faut aller plus vite, ce sont des vies qui sont en jeu.

Est-ce que la ministre chargée de l'Égalité entre les hommes et les femmes, Élisabeth Moreno, a raison de dire "on n'a pas à rougir du budget investi pour lutter contre les violences faites aux femmes ?

Elle n'a pas entièrement raison parce que quand on regarde concrètement où sont ces budgets, on voit qu'il y a encore de graves manques aujourd'hui. En France, le plus gros poste de dépenses sur les violences faites aux femmes c'est l'hébergement d'urgence, l'hébergement spécialisé pour les femmes victimes de violences. En réalité, on ne fait pas ce qu'il faut, puisqu'il manque au minimum 2 000 places supplémentaires et il en manquerait encore plus si on voulait respecter les engagements de la France qu'elle a signés quand elle a ratifié la Convention d'Istanbul qui est une Convention internationale pour les différents pays qui veulent agir sur les violences faites aux femmes. On n'y est donc pas encore malheureusement.

Sentez-vous une réelle volonté gouvernementale d'agir sur cette question ?

C'est une volonté qui est fluctuante. Je pense qu'Élisabeth Moreno veut bien faire. Elle est très focalisée sur l'efficacité de ses actions. Le sujet n'est pas là. Je dirais plutôt que c'est un problème de priorisation. On le voit d'ailleurs budgétairement parlant, puisque dans le projet de loi de finances paru en octobre sur les budgets 2021, on voit une augmentation du budget de la ministre - et on salue ça - mais c'est une augmentation minime.

Si on compare à ce qu'il s'est passé pendant les quelques mois du premier confinement - où là on a eu une priorisation de ce sujet et je tiens à saluer l'action publique qui a été exemplaire - après le déconfinement d'autres sujets ont été prioritaires et le problème des violences faites aux femmes a dégringolé dans l'ordre des priorités. 

Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes

à franceinfo

Et ça les femmes le voient tout de suite : quand elles appellent à l'aide, il n'y a pas forcément une brigade qui se déplace.

Est-ce qu'il y a eu une mobilisation citoyenne pendant le premier confinement ?

Pour nous, le premier confinement a été à la fois terrible parce que les violences ont atteint un niveau incroyable et en même temps, il y a eu une mobilisation qui a été vraiment impeccable. La mobilisation des citoyens et citoyennes mais aussi des médias a été vraiment impeccable. La Fondation des femmes a réussi à faire une collecte record de plus de 3 millions d'euros qu'on a immédiatement mis au service des associations pour les aider à avoir de l'hébergement supplémentaire (puisqu'il manque des places) mais aussi pour aider à avoir de l'aide alimentaire supplémentaire.

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