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Faut-il avoir peur des tatouages en couleur ?

A cause de leurs composants, les tatouages en couleur pourraient être interdits en France. Mais que faire si l'on en porte un ? Francetv info a posé la question à un dermatologue.

Article rédigé par Tatiana Lissitzky - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un tatoueur utilise de l'encre de couleur lors de la neuvième convention internationale du tatouage, à Londres, le 27 septembre 2013. (REX / PAUL BROWN / SIPA )

Les tatoueurs professionnels français risquent de se voir interdire la couleur à compter du 1er janvier 2014. Un arrêté ministériel, suspendu jusqu'à cette date, interdit 59 colorants utilisés dans les encres de tatouage. Soupçonnés d'être nocifs, ces composants inquiètent les autorités sanitaires. D'autant plus que 10% des Français sont tatoués (et 20% des 25-34 ans), selon un sondage (PDF) cité par les organisateurs du Mondial du tatouage qui s'est tenu à Paris au printemps.

Le docteur Jean-Luc Rigon, dermatologue à Nancy et membre du conseil d'administration du Syndicat national des dermatologues, contacté par francetv info, nous livre ses conseils.

Francetv info : Pourquoi les encres de couleur sont-elles dangereuses ?

Jean-Luc Rigon : Le problème majeur, c'est que l'on ne connaît pas tous les composants des 59 colorants incriminés. Tout ce qui rentre dans le corps humain -comme les colorants alimentaires, les médicaments ou les cosmétiques - doit voir sa composition exacte inscrite sur son emballage. C'est la loi. Et c'est bien normal. Qui voudrait se faire injecter ou manger quelque chose dont il ne connaît pas la composition ?

Ce sont surtout les encres rouges et vertes qui posent problème car elles contiennent des dérivés de métaux comme le nickel, le cobalt ou le chrome. On a même retrouvé des dérivés de pétrole. Il faut savoir que ces produits toxiques pénètrent dans le corps et y restent pour la vie. Lors d'autopsies, on a retrouvé des traces de pigments d'encre dans les ganglions. Il faut donc être extrêmement prudent.

Quelles pathologies sont le plus souvent développées ?

Il y a des pathologies immédiates. On constate, par exemple, de plus en plus de réactions allergiques, des rougeurs, des démangeaisons ou des boursouflures. Si vous constatez une de ces affections, il faut immédiatement consulter un dermatologue. Ces pathologies sont plus nombreuses avec les encres de couleur qu'avec les encres noires. Les allergologues alertent depuis longtemps sur les effets secondaires des tatouages car si vous développez une allergie, vous la garderez à vie, et c'est à vie aussi que vous serez incommodé. Si vous devenez allergique au chrome, vous ne le supporterez plus dans votre organisme. Or, par exemple, les prothèses de hanche contiennent toutes du chrome.

En revanche, il n'est pas prouvé que les tatouages provoquent des cancers de la peau, mais on ne connaît pas toujours l'origine précise d'un cancer. Par exemple, un fumeur peut très bien développer un cancer de la vessie, sans développer un cancer de la gorge ou du poumon.

Faut-il, à tout prix, faire effacer son tatouage en couleur ?

Il ne faut pas s'affoler. Si vous avez déjà un tatouage, il n'est pas nécessaire de le faire enlever. Surveillez-le. Si vous voyez que quelque chose ne va pas, consultez un dermatologue. Et, surtout, protégez-le du soleil.

Si vous voulez, malgré tout, vous faire tatouer, respectez quelques règles de sécurité. Demandez la composition de l'encre et veillez à l'hygiène des lieux et des instruments utilisés. Les tatoueurs sérieux font de gros efforts à ce niveau. Mais évitez absolument les tatouages sauvages, chez des personnes non déclarées, qui n'ont pas pignon sur rue, ou à domicile. Enfin, demandez à votre tatoueur qu'il évite absolument de tatouer sur les grains de beauté, car cela rend leur surveillance très difficile.

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