Face à la pénurie de main-d’œuvre, des patrons se mobilisent pour la régularisation de leurs salariés étrangers
Les chefs d’entreprise réclament une simplification de ces procédures afin de sortir au plus vite de cette crise du marché de l’emploi. Dans ce restaurant parisien, le chef tente d’aider comme il peut son apprenti en situation irrégulière.
Dans les cuisines du restaurant Le Mesturet, situé dans le 2e arrondissement de Paris, Birayma est loin d’être le plus fort en gueule. Il est plutôt du genre réservé. Quand il est arrivé à Paris il y a cinq ans, le Malien ne parlait pas français, mais il s’accroche, il fait tout pour s’intégrer. "Je sais que j'ai des difficultés à parler, mais je ne peux pas baisser les bras, confie-t-il. Je continue de faire des efforts pour progresser."
Birayama a appris une langue mais également un métier : il est apprenti cuisinier au sein du restaurant. Mais il y a six mois il est devenu majeur. Et sans la protection dont bénéficient les mineurs, il est désormais en situation irrégulière. "J'aimerais bien continuer à faire mon métier, poursuit le jeune homme. J'ai déposé mon dossier de régularisation de mes papiers il y a plus de six mois maintenant, je n'ai pas de résultat."
Des démarches administratives longues et complexes
Les dossiers de régularisation peuvent prendre des mois, voire des années avant d’aboutir. "C'est aberrant, c'est ubuesque, s'agace Alain Fontaine, chef et propriétaire du restaurant. Ce garçon est motivé. Ils sont des milliers comme ça." Actuellement, 200 000 postes ne sont pas pourvus dans le secteur de la restauration. "Ça me gêne toujours qu'à la préfecture, on n'aille pas plus vite, poursuit Alain Fontaine, non pas pour régulariser des gens qui ne travailleraient pas, mais quand il y a une demande du patron pour avoir cet employé au sein de son entreprise, je pense qu'il faut aller vite."
"Tout le monde court après des mains pour nos restaurants, et en même temps, vous avez des gens qui sont sur le trottoir qui ne peuvent pas rentrer."
Alain Fontaine, chef et propriétaire du restaurant Le Mesturetà franceinfo
Alain Fontaine réclame la mise en place de procédure simplifiée au sein des préfectures. Une demande formulée aussi par l’association Patrons Solidaires, qui accompagne les chefs d’entreprise sur ces dossiers de régularisation. "On n'a jamais eu autant de demandes qu'en ce moment", affirme Patricia Hyvernat, la présidente de l'association. Elle assure recevoir des appels à l’aide toutes les semaines. "On a des dossiers à Reims, à Nantes, dans le sud de la France , et là, il y a tellement d'urgences que sincèrement, l'association ne sait plus ou donner de la tête."
Depuis le début de l'année, l'association s'est penchée sur une cinquantaine de dossiers de régularisation, surtout dans les secteurs du bâtiment et de la restauration.
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