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Vidéos Affaire Vincent Lambert : les regards croisés de sa mère, de sa femme et de son ancien médecin

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) rend vendredi sa décision concernant l'arrêt des traitements de cet homme dans un état végétatif chronique. En attendant, sa famille se déchire à son propos. 

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
François Lambert, Rachel Lambert et Viviane Lambert (de gauche à droite) assistent à une audience devant la Cour européenne des droits de l'homme, le 7 janvier 2015 à Strasbourg.  (FREDERICK FLORIN / AFP)

Vincent Lambert ne parle plus et ne bouge plus. Depuis un accident de la route en 2008, cet ancien infirmier, devenu tétraplégique, est plongé dans un "état végétatif chronique". L'homme de 38 ans se retrouve, malgré lui, au cœur d'une bataille familiale. Depuis 2013, sa femme, Rachel, et une partie de ses frères et sœurs, appuyés par le corps médical, souhaitent un arrêt de l'alimentation afin de le laisser mourir. Ses parents, eux, s'y opposent et ont saisi la Cour européenne des droits de l'homme. Celle-ci doit rendre son arrêt définitif, vendredi 5 juin.

En attendant, tous ont exprimé leurs points de vue dans des ouvrages publiés ces derniers mois. Francetv info a compilé leurs témoignages diffusés sur France 2. 

1Viviane Lambert, sa mère : "Qui a le droit de faire mourir quelqu'un ?" 

Depuis 2013, elle se bat pour le sauver. Dans son livre, Pour la vie de mon fils (éd. Plon), Viviane Lambert explique pourquoi elle s'oppose à la décision des médecins et d'une partie de la famille d'arrêter les traitements de Vincent. Devant la caméra de France 2, elle refuse de considérer son fils en fin de vie. "Quand on lui passe la main dans les cheveux, il y a un semblant de sourire. C'est déjà ça. C'est qu'il a eu une bonne sensation. (...) Ceux qui disent que ce sont des réflexes, ils ne sont pas là au quotidien", déclare-t-elle. 

Pour cette femme catholique pratiquante, "personne n'a le droit de décider à la place du patient". "Qui a le droit de décider de faire mourir quelqu'un ?" s'interroge-t-elle encore. Accusée par certains d'être manipulée en raison de son engagement religieux, elle nie tout intégrisme et répond : "Oui, j'ai des convictions : je ne suis pas pour détruire une vie. Je suis sa maman (...), je m'opposerai à ce qu'on lui fasse du mal."

2Rachel Lambert, sa femme : "C'était inacceptable pour lui d'être cloué à un lit" 

Parce qu'elle l'aime, elle veut "le laisser partir". C'est ce que raconte Rachel Lambert dans son livre-témoignage publié à l'automne 2014 (éd. Fayard). A l'occasion de la sortie de son ouvrage, la femme de Vincent Lambert a assuré, sur France 2, avoir eu des "discussions sérieuses au sujet de la fin de vie et de la grande dépendance" avec son mari. "C'était inacceptable, pour lui, d'être complètement dépendant et cloué à un lit", rapporte-t-elle.

Interrogée sur ce qui l'a convaincue d'abandonner les traitements qui maintiennent Vincent en vie, son épouse, infirmière comme lui, se justifie : "Il faut être sûr que la médecine ne peut plus rien lui offrir, et on a été au bout de ce parcours médical." Pour elle, "la médecine ne peut plus rien offrir à Vincent". Rachel Lambert regrette toutefois le débat national que suscite l'histoire de son mari. "Le débat sur la fin de vie est un débat passionnel. On prend un cas pour en faire des généralités et ça, c'est terrible."

3Eric Kariger, son ancien médecin : "On a tout tenté sur ce patient"

Il a suivi Vincent Lambert pendant de nombreuses années. Et a décidé, en 2013, d'arrêter les traitements. "On était à cinq ans de l'accident. On a tout tenté sur ce patient, on s'est acharné, on a développé tous les moyens possibles et inimaginables", explique Eric Kariger, médecin spécialisé en soins palliatifs. Lui aussi a écrit un ouvrage, Ma vérité sur l'affaire Vincent Lambert (éd. Bayard). Pour ce médecin, il ne fait aucun doute que son patient "aurait voulu qu'on le laisse partir et que la médecine ne s'acharne pas à le maintenir, contre ses volontés, en vie"

Mais il ne parvient pas à convaincre les parents de Vincent Lambert. "Différentes parties de la famille ont avancé à différents rythmes", regrette le docteur, catholique pratiquant, face aux journalistes de France 2. Eric Kariger raconte aussi les menaces provenant des milieux intégristes catholiques dont il a été la cible. Victime d'un burn-out, il a depuis arrêté de suivre Vincent Lambert. 

 

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