Fin de vie : "On a pris beaucoup trop de temps sur ce sujet pour se contenter d'un strict minimum", estime le président de l'association pour le droit à mourir dans la dignité
"On a pris beaucoup trop de temps sur ce sujet pour aujourd'hui se contenter d'un strict minimum", estime, lundi 11 mars, au micro de France Inter, Jonathan Denis, président de l'ADMD (association pour le droit à mourir dans la dignité), au lendemain des annonces d'Emmanuel Macron sur le futur projet de loi pour une "aide à mourir". Dimanche, le chef de l'État a affirmé dans un entretien accordé à Libération et à La Croix que le texte instaurant une aide à mourir sous "conditions strictes" sera présenté en Conseil des ministres en avril, en vue d'une première lecture en mai à l'Assemblée nationale.
Le président de l'ADMD salue une première avancée, se réjouissant de voir "qu'enfin, le président de la République présente un projet de loi et donne un calendrier". Jonathan Denis rappelle, au micro de France Culture, que "cela faisait plus d'un an" que les associations "attendaient" ce texte. "Dans les avancées, il y a évidemment cette possibilité d'une aide à mourir", réagit-il.
"Beaucoup de choses dans ce projet ne nous conviennent pas"
Mais il considère que le texte, en l'état, ne va pas assez loin. Jonathan Denis se montre "vigilant ", car il y a, selon lui, "encore beaucoup de choses dans ce projet de loi qui ne nous conviennent pas". Il dénonce "une absence de liberté de choix entre le suicide assisté [c'est-à-dire quand] la personne fait elle-même le geste, et l'euthanasie, où c'est un tiers soignant qui fait le geste létal à sa demande". Le président de l'ADMD craint "que demain des demandes puissent être exprimées et qu'on soit encore incapable de les accompagner".
Jonathan Denis pointe également du doigt l'une des conditions exposées par Emmanuel Macron, à savoir que cette possibilité concernera les patients ayant un "pronostic vital engagé à court ou moyen terme". Le président de l'association pour le droit à mourir dans la dignité juge cette condition "beaucoup trop restrictive". Il souhaite ainsi savoir ce qu'est "le moyen terme" : "Est-ce que ça va être un pronostic vital engagé à 6 mois ? À 12 mois ?", s'interroge-t-il. Jonathan Denis se demande "ce qu'on va répondre aux personnes qui auraient un pronostic vital à 14 mois ? Qu'il faut souffrir encore un peu avant de pouvoir accéder à une aide à mourir ?".
"Tout cela n'est absolument pas imaginable", ajoute Jonathan Denis. Le président de l'ADMD considère donc qu'une "loi qui ne serait pas amendée ou améliorée par les parlementaires sur ces conditions, serait une loi qui obligerait encore des Français à partir à l'étranger, alors que ça fait plus de 40 ans que nous discutons de tout cela".
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