Fin de vie : malgré une prise de position pour une "aide à mourir", Emmanuel Macron avance toujours à pas comptés

Dans un entretien publié par "La Croix" et "Libération", le chef de l'Etat affirme que ce projet de loi du gouvernement sera présenté en avril en Conseil des ministres pour un examen en première lecture à l'Assemblée nationale en mai, avant les élections européennes de juin.
Article rédigé par Hadrien Bect
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Emmanune Macron, sur le perron de l'Élysée, le 26 février 2024. (MATHILDE KACZKOWSKI / HANS LUCAS)

Il a reporté les arbitrages à plusieurs reprises, mais cette fois, Emmanuel Macron a tranché sur la fin de vie. Après de longs mois de réflexion et plusieurs reports, Emmanuel Macron a dévoilé dimanche son "modèle français de la fin de vie" : une "aide à mourir" qui doit permettre à certains patients, selon des "conditions strictes", de recevoir une "substance létale".

Dans un entretien publié par La Croix et Libération, le chef de l'Etat indique que seuls les majeurs seront concernés à condition qu'ils soient "capables d'un discernement plein et entier", atteints d'une pathologie "incurable" avec "pronostic vital engagé à court ou moyen terme", et qu'ils subissent des souffrances "réfractaires" que l'on ne peut soulager. Pour bénéficier de cette nouvelle "aide", le patient pourra en formuler la demande et recevra l'avis "collégial" de l'équipe médicale sous quinze jours. En cas d'avis favorable, il lui sera délivré une prescription, valable pendant trois mois, d'un produit létal qu'il pourra absorber seul. Ou, lorsqu'il est dans l'incapacité de le faire, avec l'assistance d'un membre du corps médical ou d'une personne volontaire qu'il aura désigné.

Dépassionner, c’est dépolitiser

Mais, pourtant, cette loi sur la fin de vie, le chef de l'Etat ne veut pas en faire un symbole. Il le dit d’ailleurs lui-même : "Ce n’est ni un droit nouveau ni une liberté", mais un "possible". Il veut ainsi en minimiser la portée pour espérer dépassionner, tout en utilisant aussi des mots moins durs : "aide à mourir", plutôt qu'"euthanasie" ou "suicide assisté", rejeté notamment dans le catholicisme. Et qu’importe que la loi in fine permette bel et bien le suicide assisté et une exception d’euthanasie. Mais pour le chef de l’Etat, dépassionner, c’est aussi dépolitiser, comme il était parvenu à le faire au moment de la loi sur la PMA en 2021.

Alors que son propre camp risque bien lui aussi d’être divisé sur la question de la fin de vie, Emmanuel Macron veut laisser du temps aux députés, c’est peu fréquent. Ce projet de loi du gouvernement, qui inclura aussi un volet pour renforcer les soins palliatifs, sera présenté en avril en Conseil des ministres pour un examen en première lecture à l'Assemblée nationale en mai, avant les élections européennes de juin. Le processus parlementaire s'annonce long et l'aboutissement n'interviendra probablement pas avant 2025. C'est sans doute à ce prix qu’il peut espérer faire adopter la grande réforme de société de son second mandat.

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