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Travail des enfants : "Les années de la pandémie ont montré une reprise" après pourtant 20 ans de baisse constante, déplore l'ONG Vision du monde

"Quand on combine pauvreté et école fermée, les enfants se retrouvent à travailler", dénonce la directrice générale de Vision du monde qui demande la mise en place de mesures pour rescolariser les enfants.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un enfant égyptien travaille à la récolte des mangues (illustration). (MOHAMED EL-SHAHED / AFP)

"Les années de la pandémie ont montré une reprise des phénomènes de violences faites aux enfants", et notamment du travail, a déploré la directrice générale de l’ONG Vision du monde, Camille Romain des Boscs, dimanche 12 juin sur franceinfo, à l’occasion de la journée mondiale contre le travail des enfants. "On estime que d'ici la fin de l'année, neuf millions d'enfants supplémentaires vont se retrouver forcés à travailler et à quitter ainsi les bancs de l'école", a-t-elle souligné.

>> Covid-19 : avec la crise sanitaire, le travail des enfants étaient déjà en hausse l'an dernier, y compris en France

franceinfo : Y a-t-il encore des pays qui acceptent ou qui tolèrent le travail des enfants ?

Camille Romain des Boscs : Une bonne nouvelle, c'est que l'ensemble des pays qui participent à l'Organisation internationale du travail ont ratifié la convention interdisant le travail des enfants et notamment ses pire formes.

"Mais aujourd'hui, malgré les lois, malgré les dispositifs légaux, 160 millions de petits garçons et de petites filles travaillent encore dans le monde."

Camille Romain des Boscs, directrice générale de l’ONG Vision du monde

à franceinfo

Et on estime que d'ici la fin de l'année, neuf millions d'enfants supplémentaires vont se retrouver forcés à travailler et à quitter ainsi les bancs de l'école et à grever très fortement leur avenir.

Dans ces pays est-ce que c’est la loi qui admet le travail des enfants ou des usages pas forcément officiels ni légaux ?

Il y a un premier phénomène, qui est l'usage, la reproduction, dans des familles qui n'ont pas connu l'école et où les enfants vont poursuivre les travaux domestiques. Mais c'est surtout la pauvreté qui va forcer les familles à faire travailler les enfants pour nourrir les frères et sœurs, pour se nourrir eux-mêmes et tout simplement pour survivre. C'est vraiment le principal facteur d'explication à ce phénomène qui est malheureusement croissant.

Le phénomène n'est pas en recul à l’échelle du monde ?

On a observé des progrès sur vingt ans, donc sur un temps long, et c'était vraiment très encourageant. Mais ces quatre dernières années, et en particulier les années de la pandémie, ont montré une reprise des phénomènes de violences faites aux enfants. Une des conséquences très directes du Covid, c’est la reprise de la très grande pauvreté et de la précarité pour les foyers les plus vulnérables. Le deuxième phénomène, c'est la déscolarisation. Quand on combine pauvreté et école fermée, les enfants se retrouvent à travailler. Il faut aujourd'hui mettre en place des mesures pour rescolariser les enfants et absolument leur permettre d'aller à l'école plutôt que se trouver à travailler dans des situations parfois extrêmement difficiles.

Pour ce qui est de la déscolarisation, on sait qu'à l'échelle de la planète, les petites filles en sont souvent davantage victimes que les garçons. Est-ce que c’est la même chose pour le travail des enfants ?

Elles sont victimes des pires formes de travail et d'exploitation, c'est-à-dire que les petites filles se retrouvent servantes domestiques. Parfois aussi, elles se retrouvent forcées à avoir des activités sexuelles. Ce sont donc les formes d'esclavage et les pires formes de l'exploitation des enfants avec des conséquences physiques, mentales et psychiques, qui vont abîmer ces enfants pour toute leur vie.

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