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Témoignages Griffures, bosses, bleus... Neuf familles portent plainte pour maltraitance sur leurs enfants polyhandicapés

Les jeunes, aujourd'hui âgés de 16 à 21 ans, sont ou étaient pris en charge dans une structure spécialisée des Hauts-de-Seine. Une enquête est ouverte depuis avril dernier, pour "violences volontaires sur personne vulnérable et/ou mineure".
Article rédigé par Lauriane Delanoë
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Certaines des familles qui ont déposé plainte, réunies ce 16 novembre au cabinet de leurs avocats à Paris. (LAURIANE DELANOË / RADIO FRANCE)

Neuf famille ont déposé plainte pour des maltraitances contre leurs enfants polyhandicapés. Ils étaient, et sont toujours pour certains, pris en charge dans une structure spécialisée à Clamart, dans les Hauts-de-Seine. Ces jeunes, totalement dépendants, passaient leur journée à l'Institut médico-éducatif La Maillerie. Ils y dormaient aussi, une semaine sur trois. Et à leur retour, leurs mères remarquent les mêmes traces, sur leur corps : "Nous avons constaté au fil des ans, des griffures, des bosses, ...", énumère une des mères. "Des bleus, des morsures,...", continue une autre. "A chaque fois, nous avons dénoncé sur le cahier de liaison"Mais elles décrivent toute la même réponse type : "On n'a pas vu", "ils ne sont pas au courant", "On fera attention la prochaine fois". "Et finalement, non", conclut une mère, "il y a toujours la même chose qui se reproduit."

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Les familles décrivent aussi des négligences : des médicaments non distribués, des couches non-changés ou encore des blessures non signalées. Ces jeunes ne parlent pas, ils ne peuvent donc pas expliquer ce qui leur est arrivé à leur parent. Mais plusieurs, comme Didier, constate un mal-être de leur enfant : "Notre fils avait vraiment refusé l'internat et il le manifestait en se faisant vomir. La première nuit d'internat à trois heures du matin, le cadre d'astreinte nous appelait pour le récupérer." 

"On n'a pas réussi à interpréter son mal-être et rétrospectivement, on se dit qu'il y a vraiment une manifestait quelque chose qui n'allait pas du tout."

Didier, père d'un des enfants polyhandicapés

à franceinfo

"Plus jamais ça"

Ces familles ne se connaissaient pas jusqu'en avril 2022, où elles reçoivent des mails d'un ancien salarié de l'Institut. Il dénonce des maltraitances. C'est un véritable choc pour Florence : "En recevant ce mail, tout d'un coup, je me suis dit voilà, c'était ça. 

"Je reste sans voix et parce que mon fils qui ne parle pas, qui ne peut pas s'exprimer, il n'a pas pu dire ce qu'on lui avait fait, il n'est pas capable, il ne peut pas me le dire."

Florence, mère d'un des enfants polyhandicapés

à franceinfo

Elle décide de porter plainte : "Je veux des réponses", explique Florence. "Plus jamais ça ! Je ne veux pas que mon fils ou les autres, toutes les personnes polyhandicapées qui sont fragiles, ne subissent ça, ce n'est pas possible". Me Florence Lec, avocate des familles, estime qu'il y a "des dysfonctionnements très clairs" au sein de l'Institut médico-éducatif La Maillerie.

"Cette affaire est terrible parce qu'on est comme Orpéa, dans un cadre où on est sur des personnes qui sont vulnérables"

Me Florence Lec, avocate des familles

à franceinfo

"Les familles demandent des explications qu'ils n'ont pas auprès de cette structure", détaille l'avocate. "Nous avons vraiment besoin de toute la vérité. Nous avons besoin de réponses. Nous avons besoin de réaction de la part des pouvoirs publics, de la part de la justice." 

L'association porte plainte pour diffamation

Certains de ces jeunes résident encore à la Maillerie, car il est difficile de changer d'établissement. Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Nanterre et confiée au commissariat de Clamart, pour "violences volontaires sur personne vulnérable ou sur mineur". Les investigations sont toujours en cours. L'Unapei 92, l'association qui gère l'institut, dit "souhaiter que l'enquête aboutisse le plus rapidement possible pour restaurer la confiance". Elle assure à franceinfo avoir ouvert "une cellule de crise depuis les signalements" et avoir "renforcé ses protocoles, pour proposer le meilleur accompagnement possible aux jeunes". Elle affirme avoir porté plainte pour diffamation contre l'ancien salarié qui a écrit aux familles. 

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