En visite privée, le dalaï lama parle politique

Les mots sont posés. Le message, plus apaisant qu'accusateur. La Chine, assure le dalaï lama, "est désireuse de se joindre à la communauté mondiale". Durant sa conférence de presse, où il s'est exprimé en anglais, le chef spirituel tibétain en exil a appelé le monde à "ne pas isoler la Chine". Mieux, à "l'entraîner sur la voie de la démocratie".

Mais le dalaï lama n'oublie pas pour autant la situation du Tibet : "le gouvernement chinois nie les problèmes du Tibet et n'écoute pas les demandes du peuple tibétain". Tout en se disant disposé à poursuivre les pourparlers avec Pékin, il ne cache pas sa "grande déception" à l'issue des négociations en cours.

Cette situation, le dalaï lama l'a aussi évoquée avec une poignée de parlementaires, membres du groupe d'études sur le Tibet. La rencontre s'est tenue dans le bureau d'un sénateur, loin des micros et des caméras, loin de tout aspect officiel. Au beau milieu des Jeux Olympiques, le gouvernement français semble avoir tout fait pour ne pas froisser Pékin.

À la dizaine de parlementaires, le dignitaire religieux a fait part de ses craintes concernant la politique chinoise : selon Axel Poniatowski, député UMP du Val-d'Oise, le dalaï lama leur a affirmé que la Chine projetait de renforcer sa politique de peuplement au Tibet, pour "diluer la présence tibétaine", en y installant "un million de colons" après les Jeux olympiques.

Une rencontre avec Nicolas Sarkozy en décembre

Dès demain, la politique s'effacera à nouveau devant la religion, et le dalaï lama reprendra le fil de son voyage en France, qui prévoit visites de temples bouddhistes et conférences. Carla Bruni-Sarkozy sera d'ailleurs présente à la cérémonie religieuse qu'il présidera dans l'Hérault, le 22 août.

Quant à la rencontre entre le dalaï lama avec Nicolas Sarkozy, un temps envisagée, elle a finalement été repoussée. Dans un communiqué, Roger Karoutchi, Secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement annonce aujourd'hui que le chef de l'Etat a invité le dalaï lama à le rencontrer le 10 décembre. Pas question pour autant de tête-à-tête : Nicolas Sarkozy recevra à cette date le chef spirituel tibétain en compagnie de l'ensemble des prix Nobel de la paix.

Céline Asselot