Une rumeur à l'origine de manifestations lycéennes dans plusieurs régions
"On a fait un blocus parce que le président Sarkozy veut nous enlever un
mois de vacances et c'est pour ça qu'on s'est révolté". Voici dans la bouche d'une jeune fille de 15 ans la raison pour laquelle plusieurs mouvements lycéens ont eu lieu aujourd'hui en France.
_ C'est en fait une rumeur qui se serait répandue par SMS notamment, avec un texto de ce type : ""attention vendredi y'a blocus, sarko veut enlever un mois de vacances, donc si tu fais pas tourner, ça veut dire que tu kiffes les cours"...
Les réseaux sociaux ont également permis à la rumeur de se propager. En effet, après une recherche rapide sur Facebook en tapant les mots "blocus" et "vacances", on découvre plusieurs "groupes" ou "évènements" sur ce thème. Par exemple un évènement intitulé "blocus car sarko veu enlevé 1 MOIS de vacances !!!" (fautes comprises) qui rassemble 42 "invités". La plupart de ces groupes ne comptent en fait qu'un nombre minime de personnes. Et certains sont même datés de l'année dernière, où une rumeur similaire avait déjà circulé.
Cette rumeur n'est pas totalement infondée, mais en fait elle détourne et amplifie une proposition faite début juillet par le comité de pilotage sur les rythmes scolaires, et reprise par le ministre de l'Éducation. Elle prévoit de retirer non pas un mois, mais deux semaines de vacances. Luc Chatel entend annoncer "à l'automne", après concertations, des décisions pouvant entrer en vigueur soit à la rentrée 2013, soit pour l'été 2014.
2.000 manifestants en Picardie
Toujours est-il que le mouvement s'est particulièrement concentré dans le nord de la France aujourd'hui.
_ Selon le rectorat de Lille, quelque 500 lycéens d'établissements professionnels ont manifesté à Douai et une centaine à Dunkerque. Près de 500 lycéens ont également protesté à Béthune dans le Pas-de-Calais, région où plus de 2.000 manifestants ont été comptabilisés. En Picardie, une vingtaine d'établissements ont été touchés, dont cinq à Amiens qui concentraient la majorité des manifestants.
"Cela n'a ni queue ni tête. On ne sait pas d'où part cette rumeur
infondée et ubuesque", a expliqué le rectorat de Lille, qui a dénoncé une
"désinformation orchestrée".
En Champagne-Ardenne également, "plusieurs petits rassemblements" ont été recensés vendredi matin, mais sans débordements. Et 500 lycéens ont aussi manifesté à Vesoul (Haute-Saône).
Interpellations
En région parisienne, au Chesnay dans les Yvelines, une dizaine de voitures ont été endommagées autour du lycée professionnel Jean-Moulin. Dix jeunes ont été interpellés, selon une source policière.
Dix-huit jeunes ont également été interpellés dans le Pas-de-Calais après des incidents à Lens et à Arras, où, selon la préfecture, ils auraient dégradé des bus, mis le feu à des conteneurs et sont soupçonnés d'outrage à agent.
L'UNL se félicite
L'UNL s'est empressée de récupérer le mouvement. Dans un communiqué, l'Union nationale lycéenne se félicite que
"plusieurs dizaines de lycées" aient été bloqués vendredi dans le pays, afin
selon le premier syndicat lycéen de protester contre "une rentrée plus que
jamais catastrophique".
Clara Beaudoux, avec agences
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