Une enseignante suspendue pour avoir consacré trop de temps à la Shoah
“On s'acharne contre elle, on veut s'en débarrasser”, attaque, bille en tête, son avocate. Sa cliente, Catherine Pederzoli, professeure d'histoire en lycée, a été suspendue de ses fonctions pour quatre mois. Son avocate a saisi hier le tribunal administratif pour contester la décision. Réponse dans une quinzaine de jours.
Pourquoi suspend-on un enseignant ? L'Inspection générale de l'Education nationale a mené l'enquête ; pointant des “manquements aux obligations de réserve, de neutralité et de laïcité”, et reprochant à l'enseignante l'“instrumentalisation des élèves” par des “lavages de cerveaux”.
_ Les inspecteurs lui reprochent d'être obsédée par le génocide, de consacrer trop de temps à préparer des voyages scolaires à Auschwitz... au détriment du programme dont certaines parties risquaient “de lui être plus ou moins sacrifiés”. Effectivement, depuis une quinzaine d'années, elle y emmène ses classes.
Son avocate, elle, s'interroge tout haut : “La faute que l'enseignante a commise n'est-elle pas d'être juive? Cette enseignante aurait été chrétienne, on n'aurait pas pu dire qu'elle faisait du lavage de cerveau”.
Le rectorat, de son côté, “insiste sur le fait qu'il s'agit d'un dossier relevant de la
problématique générale de l'organisation des voyages scolaires (...), sans
rapport avec le sujet de la transmission de l'histoire et de la mémoire de la
Shoah, à laquelle l'Education nationale est très attachée”.
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