Seine-Saint-Denis : face à la pénurie, Pôle emploi cherche des instits par téléphone
Les candidats, qui se retrouveront face à des enfants de 2 à 11 ans, doivent enseigner aussi bien le français que les maths, l'histoire et la géographie, ou encore les sciences, une langue vivante, les arts plastiques...
Du démarchage téléphonique pour contrer le manque criant d'instituteurs remplaçants en Seine-Saint-Denis. Cette opération d'ampleur lancée mi-septembre par Pôle emploi pour l'Edication nationale est une première pour le recrutement de professeurs du premier degré.
En quoi consiste cette campagne ?
Selon un document consulté par l'AFP vendredi 26 septembre, 300 postes contractuels ont été proposés dans le cadre de cette opération. Pour proposer le poste à "de nombreux demandeurs d'emplois", une "plateforme de phoning" a été mise en place, est-il précisé. Sollicité par l'AFP, le rectorat de Créteil a confirmé qu'une campagne de recrutement de contractuels avait été organisée pour "anticiper au mieux les besoins de remplacements en cours d'année".
"Pôle Emploi a été sollicité pour assurer une présélection de candidats. Une fois cette présélection effectuée, ce sont les services de l'Education nationale qui procèdent au recrutement de ces personnes qui seront accompagnées, comme les autres enseignants, par les inspecteurs de circonscriptions et par leurs écoles", a ajouté le rectorat.
Qui peut devenir instituteur ?
Les chômeurs appelés par Pôle emploi doivent être titulaires d'une première année de master. Les candidats, qui se retrouveront face à des enfants de 2 à 11 ans, doivent enseigner aussi bien le français que les maths, l'histoire et la géographie, ou encore les sciences, une langue vivante, les arts plastiques...
Pour Rachel Schneider, secrétaire départementale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, cette opération de recrutement exceptionnelle peut contribuer à détendre la situation dans le 93, après une rentrée parfois chaotique. Mais faute de formation pédagogique particulière, "ces contractuels vont se retrouver devant des élèves sans savoir faire classe", dénonce-t-elle.
Pourquoi une telle pénurie ?
La Seine-Saint-Denis, qui connaît une forte croissance du nombre d'élèves, est confrontée à un manque chronique d'instituteurs, le plus souvent faute de candidats. "Le déficit est structurel. C'est une situation ubuesque, qui se reproduit d'année en année", estime Rodrigo Arenas Munoz, responsable départemental de la FCPE, première fédération de parents d'élèves.
Problèmes de transports, de logement ou mauvaise réputation du département : le 93 est boudé par les jeunes professeurs. Et "trop peu de jeunes habitant la Seine-Saint-Denis choisissent l'enseignement", regrette Rachel Schneider, qui réclame des formations payées contre un engagement d'enseigner ensuite dans le département.
Faute d'effectifs disponibles, les professeurs malades sont bien plus rarement remplacés qu'ailleurs, et chaque année cette pénurie prive les enfants de nombreux jours de classe. La FCPE estime que chaque élève du 93 perd ainsi peu ou prou une année de cours tout au long de sa scolarité.
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