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Rythmes scolaires : "Pourquoi je boycotte le mercredi matin"

Francetv info a recueilli des témoignages de parents qui ont modifié l'organisation de leur vie de famille en raison de la réforme. Voici celui d'une mère qui, elle, a carrément décidé de ne pas envoyer ses enfants à l'école une matinée par semaine.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Un élève arrive à l'école à Strasbourg (Bas-Rhin), le 2 septembre 2014, jour de la rentrée des classes. (FREDERICK FLORIN / AFP)

Elle est "très en colère" contre les nouveaux rythmes scolaires, généralisés depuis mardi 2 septembre dans toutes les écoles primaires publiques. Hélène, membre des Gilets jaunes, un collectif apolitique qui regroupe des parents d'élèves opposés à la réforme, a décidé de boycotter le mercredi matin, cinquième matinée de classe nouvellement instaurée. Et son boycott commence mercredi 3 septembre. 

"Je veux protester contre cette réforme et me faire entendre. Ce qui me dérange, c'est la façon dont elle est appliquée", explique Hélène à francetv info. Comme de nombreux parents : son cas n'est pas représentatif, mais il est loin d'être isolé, d'après les témoignages que nous avons recueillis.

A 38 ans, Hélène a trois enfants : le dernier a 3 ans et fait sa première rentrée, en petite section de maternelle ; le deuxième, âgé de 7 ans, entre en CE1 ; et l'aînée, 10 ans et demi, entame son CM2. Elle vit avec sa famille aux Attaques, un village d'environ 2 000 habitants, proche du centre-ville de Calais (Pas-de-Calais). Documentaliste dans un collège à 10 km de son domicile, elle travaille à 80%. Son mari est comptable, et travaille un peu plus loin. Il commence à 9 heures et dépose les enfants tous les matins à l'école.

Des horaires différents pour chacun

L'organisation choisie par sa commune pour appliquer la réforme lui pose plusieurs problèmes. Tout d'abord, l'école maternelle et l'école élémentaire n'ont pas les mêmes horaires. Les journées de classe sont raccourcies et s'achèvent à 15 heures le lundi et le vendredi en élémentaire, le mardi et le jeudi en maternelle, afin de laisser la place à 1h30 d'activités périscolaires.

Mais ces activités ne sont pas obligatoires, elles sont simplement préconisées dans le cadre de la réforme. La commune n'a pas réussi à les instaurer, "par manque de moyens financiers, pas par mauvaise volonté", explique-t-on à la mairie. Alors, pendant les temps d'activités périscolaires (TAP), les enfants font du découpage, de la peinture, ou jouent au ballon lorsque le temps le permet. "En réalité, il s'agit d'une simple garderie", dénonce Hélène. Elle refuse de l'imposer à ses enfants.

Une organisation revue et corrigée

Si Hélène laissait son plus jeune enfant à l'école maternelle tous les après-midi, le mardi et le jeudi, il serait en TAP de 15 heures à 16h30, puis en garderie de 16h30 à 18 heures, soit, à ses yeux trois heures au total de garderie. Pour Hélène, c'est trop. Elle a préféré l'inscrire à la crèche - il peut y aller jusqu'à 4 ans - même si cela lui coûte entre 30 et 40 euros par mois, plus que la garderie. Pour cela, elle a dû revoir son organisation : le mardi, son mari le récupérera à midi et l'emmènera à la crèche à 13h30. Le jeudi, même organisation, mais c'est la mère d'Hélène qui assurera la pause déjeuner.

Les autres jours, le lundi et le vendredi, Hélène travaille de 8 heures à 14 heures. "Pour obtenir ces horaires, j'ai pu m'arranger avec ma hiérarchie et ma collègue, mais ce n'était pas gagné. J'ai eu de la chance. D'autres parents ne sont pas dans ce cas", commente-t-elle. Cela lui permet de récupérer ses deux garçons à la sortie de l'école, à 16h30. C'est l'heure à laquelle le petit finit la classe. Son deuxième enfant, lui, termine à 15 heures, mais il a ensuite 1h30 de TAP. Cette fois-ci, elle est contrainte de l'y laisser car elle le juge trop petit pour rentrer seul et n'a pas d'autre solution pour le garder. 

Sa fille, plus âgée, scolarisée dans le même établissement, termine aussi à 15 heures. Mais elle, en revanche, ne restera pas à l'école pendant les TAP. "Cela ne me rassure pas trop, mais ma fille rentrera à pied, toute seule, à 15 heures. Elle n'a aucun intérêt à rester à la garderie", explique-t-elle.

Boycotter le mercredi matin jusqu'à la fin de l'année

Et le mercredi dans tout cela ? Avec l'application de la réforme, les trois enfants ont classe ce jour-là, mais la cantine est fermée. Or, Hélène ne travaille pas. Alors, pour cette raison, et pour faire entendre son mécontentement lié aux autres problèmes détaillés précédemment, elle a décidé de boycotter la journée. "Je garderai les enfants à la maison, avec moi."

Hélène pointe aussi un autre problème, plus spécifique à sa situation. "Ma fille aînée est suivie médicalement. Elle doit régulièrement consulter une psychomotricienne, un pédopsychiatre, une orthodontiste. Sans la souplesse du mercredi entier, je ne sais pas où caser ces rendez-vous", explique-t-elle.

Pour afficher son mécontentement, Hélène a distribué des tracts, mardi matin. Sur le haut du papier, sont inscrits les reproches faits à la réforme. En bas, figure un justificatif d'absence à compléter et à signer : "L'élève (nom et prénom) sera absent le mercredi (date à compléter) pour protester contre la réforme des rythmes scolaires." Hélène a l'intention de remplir ce papier et de le remettre aux enseignants tout au long de l'année scolaire.

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