Repenser le temps scolaire : la FCPE veut réfléchir "dans l'intérêt de l'enfant et non plus dans l'intérêt de l'économie ou dans certains impératifs de société"
"Il faut qu'on le pense dans l'intérêt de l'enfant et non plus dans l'intérêt de l'économie ou dans certains impératifs de société qui oublient le bien-être de l'enfant", a affirmé mardi sur franceinfo Grégoire Ensel, président de la FCPE, la Fédération des conseils de parents d'élèves, alors qu'Emmanuel Macron veut repenser le temps scolaire sur l'année. "On doit rouvrir un débat qui est celui du temps scolaire dans l'année, une des autres grandes hypocrisies françaises", a estimé mardi le président de la République lors de la visite d'une école marseillaise en cours de rénovation.
Est-ce que le débat qu'ouvre le chef de l'Etat sur le temps scolaire vous paraît intéressant ?
C'est un débat très intéressant et qui concerne toute la société. Ça touche à l'économie, ça touche à l'organisation même des familles, ça touche au temps scolaire et au temps que l'on a en dehors du temps scolaire et dans les familles. Et ça touche aussi à la question du troisième trimestre, quand on sait qu'au collège et au lycée, il n'existe quasiment plus. Je pense que les parents de collégiens ou de lycéens qui sont en seconde ou en première peuvent tout à fait témoigner que le collège ou le lycée, c'est quasiment terminé depuis maintenant quelques semaines. Nous demandons la reconquête du troisième trimestre. Il faut absolument que le calendrier scolaire s'y attèle, et qu'on le pense dans l'intérêt de l'enfant et non plus dans l'intérêt de l'économie ou dans certains impératifs de société qui oublient le bien-être de l'enfant.
Emmanuel Macron estime que ces longues vacances d'été renforcent les inégalités. Est-ce qu'il a raison ?
Comme bien souvent sur la question de l'école, on est tout à fait d'accord sur les questions du diagnostic et du bilan qui sont partagés. C'est sur la question des moyens où très souvent on diverge sur les réponses qui sont apportées. Mais objectivement, il y a beaucoup d'enfants, et pas que dans les quartiers défavorisés, pour qui la durée des vacances est effectivement très longue. Il y a une impatience d'école qui se fait à partir de la mi-août. Les vacances s'étirent, c'est long pour les familles, c'est long pour les enfants. La question des acquis, des apprentissages, se pose.
On peut tout à fait imaginer de raccourcir les vacances d'été, mais à condition d'avoir une vision globale du rythme scolaire sur l'année complète, tant dans la journée que dans l'alternance périodes de travail et vacances. Parlons-en. Il faut penser global et que les collectivités locales en soient, que les parents en soient, et que les enseignants en soient.
Sur le fond, tout le monde est d'accord, mais est-ce que selon vous il y a aussi la question des moyens, d'avoir des personnes face aux enfants ?
On va tirer une énorme pelote et on va demander des moyens pour qu'il y ait des adultes devant les enfants. Et clairement, ce n'est pas avec 1 500 enseignants supprimés à la rentrée qu'on va y arriver. Donc si on veut vraiment tirer la pelote et voir tous les effets collatéraux de cette belle idée, eh bien chiche ! Nous, on en sera avec les enseignants, avec les collectivités locales, Mais on ne s'interdit rien. On a l'ambition d'aller au bout du chantier et on arrête d'en faire l'Arlésienne. C'est un serpent de mer. On s'attèle au problème, on se met autour de la table, on regarde toutes les données du problème et on propose des solutions. On a des propositions à faire et on sera au rendez-vous.
Emmanuel Macron proposait lundi d'accueillir les élèves au collège de 8h à 18h. Est-ce que c'est contradictoire ?
Ce n'est pas contradictoire. Il y a des quartiers classés en zone sensible. On peut tout à fait comprendre que l'école doit être là pour donner des clés, donner de la méthode, faire de l'accompagnement aux devoirs, mais avec des enseignants et des personnes qualifiées pour apporter des méthodes et des outils. Et puis il faut qu'on revoie également la journée type d'un enfant à l'école, au collège et au lycée. Parce qu'aujourd'hui, effectivement, c'est difficilement tenable.
On ne s'interdit aucun chantier. Par exemple, s'il s'agit de ne plus faire le brevet des collèges et gagner des moyens indirectement humains et matériels, sous prétexte de revoir des organisations, et avoir un brevet ou un bac exclusivement local, pour nous la réponse est non. L'enfant se conduit avec des rituels et des rituels de passage à l'âge adulte. Et le brevet et le bac font partie de ces rituels importants.
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