"Prise d'otage" des enseignants retenant les copies du bac : les propos d'Emmanuel Macron jugés "déplacés", par le SNES-FSU
Frédérique Rolet, secrétaire générale du SNES-FSU, estime que le président ne prend pas en compte "la réalité de la situation".
Les propos du chef de l’État sur la "prise d’otage" des enseignants qui retiennent les copies du bac sont "déplacés", estime Frédérique Rolet, secrétaire générale du SNES-FSU (Syndicat national des Enseignants du Second Degré) sur franceinfo dimanche 7 juillet.
franceinfo : Comment avez-vous réagi aux propos du chef de l'État qui a déclaré sur franceinfo qu'"on ne pas prendre nos enfants et leur famille en otage" ?
Frédérique Rolet : Je trouve les propos du président de la République déplacés et ne prenant pas en compte la réalité de la situation. Le mouvement auquel ont été contraints les enseignants du second degré provient de mois de mobilisation et d’un manque d’écoute total de la part du ministre de l’Éducation. Ce qui pose de gros problèmes en démocratie. Il ne s’agissait pas de pénaliser les élèves, mais de dire aux parents d’élèves combien nous sommes inquiets pour le devenir du baccalauréat. Nous avons des devoirs, des droits, et justement parce que nous sommes fonctionnaires et que nous sommes attachés au principe d’égalité, nous avons trouvé que la solution imaginée par Jean-Michel Blanquer qui consiste à prendre du contrôle continu dans les résultats du baccalauréat rompait ce principe d’égalité et donne une insécurité juridique à certains résultats dont il sera responsable.
Emmanuel Macron a également dit que "99 % de ceux qui font l’éducation de nos jeunes, ont le sens du devoir". Est-ce une charge sévère contre ceux qui sont en grève ?
Je suis d’accord avec lui. Plus de 99% des enseignants ont le sens du devoir et c’est pourquoi ils font à contrecœur certaines actions. Il y a un paradoxe assez extraordinaire. Le ministre a expliqué que le mouvement était très minoritaire et en même temps il a été contraint de repousser la date de restitution des notes et énormément de jurys ont été touchés, donc c’est bien un mouvement de fonds.
Le chef de l’État s’est clairement mis du côté des élèves...
Nous aussi nous sommes aux côtés de nos élèves. Pour ceux qui vont passer les oraux de contrôle, ils auront un regard bienveillant de leur examinateur. Les nouveaux jurys vont regarder la situation au cas où les notes du contrôle continu seraient plus favorables que celle de la note terminale. On est contraint à des bricolages qui auraient pu être évités, si le ministre de l’Éducation avait ouvert sa porte un peu plus tôt. L’intérêt c’est de préserver au mieux l’intérêt des élèves.
De nouvelles actions sont-elles prévues ?
Je ne peux pas présager de ce que feront les différentes assemblées générales. Si certaines familles font des recours, parce qu’elles considèrent que leur enfant a été lésé, ce ne sera pas le jury qui pourra être tenu pour responsable, mais ce sera le ministre.
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