Cet article date de plus d'un an.

Réforme du lycée professionnel : la gratification des lycéens stagiaires "permettra sans doute de moins perdre d'élèves", souligne le SNPDEN

Les lycées professionnels souffrent notamment d'un manque d'attractivité par rapport aux centres de formation pour apprentis.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale (photo d'illustration). (/NCY / MAXPPP)

La gratification des lycéens stagiaires "permettra sans doute de moins perdre d'élèves", a indiqué jeudi 4 mai sur franceinfo Didier Georges, secrétaire national du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale (SNPDEN), alors qu'Emmanuel Macron présente la réforme du lycée professionnel lors d'un déplacement en Charente-Maritime.

>> Nouvelles filières, allongement et rémunération des stages... Les pistes envisagées par le gouvernement pour la réforme du lycée professionnel

Le chef de l'État souhaite renforcer l'attrait pour ces filières professionnelles, en donnant accès à des formations plus qualifiantes, d'améliorer l'insertion professionnelle des jeunes et de lutter contre le décrochage scolaire. Mais celui qui est par ailleurs proviseur d'un lycée professionnel à Paris prévient : "Entre la théorie et la pratique, il s'écoulera certainement un peu de temps".

franceinfo : Comment accueillez-vous cette réforme des lycées professionnels ?

Didier Georges : Cela vient rééquilibrer ce qui se passe depuis quelques années avec le développement très rapide des Centres de formation pour apprentis (CFA) qui, eux, accueillaient également les élèves pour des formations professionnelles sous le statut d'apprentis salariés et donc rémunérés en partie par le patron qui les accueillait en apprentissage.

Est-ce qu'il y a une forme de concurrence entre l'apprentissage et les lycées professionnels ? Les lycées professionnels sont-ils le parent pauvre de cette filière professionnels ?

Depuis le quinquennat de François Hollande et un développement très important des CFA, oui on a perdu un certain nombre de potentiels élèves au bénéfice des CFA. On voyait nos effectifs diminués. Avec une jeunesse qui a des besoins économiques, c'était devenu plus compliqué face à une formation qui prépare exactement au même diplôme, mais qui est organisée différemment et avec des revenus. Ce type de filière était très attractif pour eux.

"Par exemple, les lycéens en bac professionnel ont 22 semaines de stage réparties sur trois années, mais ce sont actuellement des stages non-rémunérés, alors qu'ils sont très professionnalisants. Pour un employeur, c'est de la main d'œuvre, mais c'est aussi beaucoup de travail, de formation et de temps."

Didier Georges, secrétaire national du SNPDEN

sur franceinfo

Pour augmenter l'attractivité de ces filières techniques, les lycéens stagiaires vont être rémunérés par l'État, on parle d'une gratification. Est-ce un moyen d'attirer les décrocheurs ?

Oui. On sait qu'il y a des élèves dont le profil scolaire nécessite qu'ils soient peut-être davantage en activité plutôt qu'assis dans une salle de classe. Effectivement, ce sont des formations qui sont peut-être plus adaptées à certains profils d'élèves. C'est une évidence. Concernant la gratification, ce ne sera sûrement pas suffisant pour être concurrentiel par rapport au CFA, mais ça permettra sans doute de moins perdre d'élèves.

Autre mesure annoncée : moduler les formations en fonction des territoires et des besoins sur le marché du travail. Est-ce une souplesse qui manque aujourd'hui dans les lycées pros ?

C'est une belle théorie. Ce serait inconvenant de ma part de dire qu'il ne faut pas le faire parce qu'évidemment, quand on a un bassin d'emplois qui est très orienté comme par exemple celui de la région toulousaine avec l'aérospatiale, ou certains autres bassins d'emplois dont on connaît la spécialisation, que la formation professionnelle proposée aux élèves s'adapte à ce bassin d'emplois, ça semble tout à fait cohérent.

Toutefois, il faut rappeler que ce sont les régions qui ont la compétence sur la carte des formations. Ce n'est pas l'Éducation nationale mais bien les régions qui établissent la nécessité et le besoin en formation, en corrélation avec le monde économique. Ce n'est pas si simple. On est en train de parler d'une manière très théorique, mais il y a des enseignants spécialisés dans certaines disciplines et ils sont là.

On ne peut pas balayer d'un revers de main l'existence d'un enseignant de commerce, de vente, de secrétariat, de comptabilité ? De tout ce que vous voulez, sous prétexte que dans la zone géographique, il n'y a plus de bassins d'emplois. Il faudra continuer à utiliser ces enseignants qui sont fonctionnaires de l'État et qui vont donc devoir être employés. Entre la théorie et la pratique, il s'écoulera certainement un peu de temps.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.