Rentrée 2017 : les mesures du ministre de l'Education seront "compliquées à mettre en oeuvre" estime un syndicat enseignant
Benoît Teste, du syndicat enseignant Snes-FSU, a réagi à la confirmation, par Jean-Michel Blanquer, de la mise en place de mesures, comme le dédoublement des classes de CP ou les études surveillées au collège, dès la rentrée prochaine.
Dans une interview publiée dimanche 23 juillet dans le JDD, Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education confirme des mesures applicables dès la rentrée prochaine. Parmi elles, le dédoublement des classes de CP dans les zones prioritaires et des devoirs en étude surveillée au collège encadrés par des professeurs payés en heures supplémentaires ou des jeunes volontaires de service civique. Benoît Teste, secrétaire général adjoint du syndicat enseignant Snes-FSU, a estimé sur franceinfo que la de telles mesures seraient "compliquées à mettre en place" par manque de personnels formés. Selon lui, la priorité est de "travailler sur ce qui se passe dans la classe."
franceinfo : Jean-Michel Blanquer propose la mise en place de l'étude surveillée dès la Toussaint. Cela vous parait possible ?
Benoit Teste : Cela va être compliqué à mettre en place concrètement dans les établissements parce qu'il faut du personnel. Plus que du personnel, il faut former. On nous parle de jeunes du service civique qui vont assurer cette mission. Avec quelle formation ? Comment vont-ils prendre connaissance du fonctionnement d'un établissement, de ce dont ont besoin les élèves ? Dès la Toussaint, cela semble compliqué. Le mieux, c'est d'avoir des études surveillées avec des étudiants surveillants, c'est ce qu'on demande depuis longtemps. Cela peut être une mesure intéressante, effectivement, que les élèves fassent les devoirs à l'école mais on ne résoudra pas les problèmes d'inégalités par ces seules mesures. Il faut surtout travailler sur ce qui se passe dans la classe. Les devoirs surveillés c'est très bien, mais la problématique principale du collège, c'est la manière dont les enseignements se déroulent.
Selon le ministre de l'Education, "le vrai ennemi de l'Education nationale, c'est l'égalitarisme". Quel est votre réaction ?
Le véritable objectif de l'éducation nationale, c'est la démocratisation, c'est d'élever le niveau de qualification de l'ensemble d'une population, d'une classe d'âge. Qu'est-ce que met Jean-Michel Blanquer derrière ce mot "égalitarisme" ? On ne comprend pas bien ou on a peur de comprendre. Si on en revient à une vision élitiste où le but de l'école est de faire réussir seulement quelques-uns, on ne sera pas d'accord.
Jean-Michel Blanquer propose aussi une réforme des internats pour les rendre plus attractifs et en finir avec "l'internat-prison". L'internat est-il une forme éducative d'avenir ?
On a eu une instrumentalisation avec l'idée que les internats pouvaient être des internats d'excellence sous le mandat de Nicolas Sarkozy. Cela avait fait l'objet de beaucoup de polémiques. Si c'est pour créer de la mixité sociale, c'est une bonne chose. L'internat a souvent été synonyme de privation, de rupture avec le milieu familial, mais il a aussi représenté la possibilité de promotion sociale, l'apprentissage de la rigueur, de l'autonomie. Cela revient à la mode. Il y a eu une décrue dans les années 60-70. Il y a un peu derrière ce mythe de la pension anglo-saxonne, mais c'est une illusion de réussite scolaire.
Les classes de CP dédoublées dès la rentrée, cela vous parait-il possible et avec quels enseignants ?
Il manque beaucoup d'enseignants. On avait un dispositif "plus de maîtres que de classes" qui fonctionnait bien et qui va être redéployé, en grande partie, pour créer ces classes en CP. Il y a un problème de locaux pour faire deux groupes. Cela va être très compliqué à mettre en œuvre. C'est une mesure un peu phare et symbolique qui pourrait avoir un intérêt, mais pourquoi seulement en CP ? Est-ce que les élèves qui ont été 12 en CP ne vont pas se retrouver en difficulté quand ils seront dans des classes plus importantes en CE1 ou CE2 ?
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