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Que faire si votre enfant est harcelé à l'école ?

Choc et impuissance sont le lot des parents qui découvrent que leur enfant est victime de brimades. Pourtant, il faut réagir rapidement.

Article rédigé par Tatiana Lissitzky
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Un enfant sur dix est victime de harcèlement à l'école ou au collège. (AFP )

Coups, insultes, moqueries, harcèlement en ligne… Ces violences à répétition touchent près d'un enfant sur dix en primaire et au collège, avec des conséquences parfois dramatiques. Le harcèlement scolaire peut aller du vol de goûter au passage à tabac, en passant par le racket et les violences sexuelles. Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, a lancé, mardi 26 novembre, un plan de lutte contre ce fléau. La campagne cible notamment le cyberharcèlement, dont le développement préoccupe les autorités.

Trop souvent, les parents se sentent démunis face à la souffrance de leur enfant. Mais il existe des solutions. Francetv info a demandé conseil à des spécialistes de l'enfance.

1Détecter une victime de harcèlement

"Le harcèlement prend plusieurs formes, mais il est toujours animé par le désir d'humilier l'autre, par des agissements intentionnellement agressifs et répétitifs", indique Nicole Catheline, pédopsychiatre au centre hospitalier Laborit de Poitiers et auteur de Harcèlements à l'école. Contactée par francetv info, elle explique que "c'est un échec de la dynamique de groupe où la différence de la victime, quelle qu'elle soit, est mal perçue par d'autres enfants".

Plusieurs signes peuvent alerter sur le mal-être ou la souffrance d'un enfant. Les victimes de harcèlement ont tendance à somatiser. Elles peuvent présenter des maux de tête ou des vomissements avant d'aller en cours. Un enfant qui change subitement de comportement, qui ne veut plus aller à l'école, qui dort mal, qui est anxieux ou s'isole est un enfant à surveiller.

Mais parfois, le mal-être se manifeste par de petites choses qui semblent anodines aux yeux des adultes. Il faut donc être attentif. Par exemple, ne pas s'empresser de gronder un enfant qui revient avec un cartable trempé, mais plutôt lui demander comment cela est arrivé : quelqu'un a très bien pu jeter son sac dans une flaque d'eau.

Attention, toutefois, aux idées reçues. "Un enfant victime de harcèlement ne sera pas forcément en échec scolaire, contrairement à ce qui est dit", prévient Hélène Romano, docteur en psychopathologie et auteur de L'enfant face au traumatisme. Elle explique à francetv info que "souvent, les premiers de la classe sont pris pour cibles. Ils peuvent alors faire exprès de baisser leurs notes pour être dans la moyenne, mais ne décrocheront pas pour autant."

2Adopter le bon comportement face à son enfant

"Il est important de déculpabiliser les parents qui ne se sont pas aperçus que leur enfant était victime de harcèlement, insiste Hélène Romano. Bien souvent, l'enfant n'en parle pas parce qu'il a honte, parce qu'il craint les représailles et ne veut surtout pas inquiéter ses parents."

Pour la pédopsychiatre Nicole Catheline, dès que les premiers signes de harcèlement ont été décelés, il faut immédiatement aborder le sujet avec son enfant, pour cerner l'étendue du problème et le pousser à communiquer. Mais en y mettant les formes. Par exemple, il faut proscrire la question directe "Est-ce qu'on te harcèle ?" et lui préférer des formulations plus anodines comme "Est-ce qu'on t'embête à l'école ? Est-ce qu'on te prend tes affaires ? Est-ce qu'on te pousse ?"

L'essentiel est d'instaurer un dialogue fondé sur la confiance. "L'enfant doit comprendre que les parents le croient, qu'ils vont tout faire pour le protéger et qu'il ne faut pas qu'il se débrouille tout seul face à cette situation", insiste la spécialiste.

3Alerter le milieu scolaire

L'étape suivante est le signalement à la direction ou au personnel encadrant de l'école. "Les institutions scolaires banalisent bien trop souvent les cas de harcèlement et les parents se retrouvent face à un mur",déplore Hélène Romano. Mais, pour Justine Atlan, directrice de l'association e-Enfance, qui gère le numéro vert Net écoute, les autorités ont pris conscience du problème et sont dorénavant plus à l'écoute. "Arrêter de banaliser et de tolérer le harcèlement scolaire était une des volontés de la campagne mise en place dès 2011. D'importants efforts ont été faits en ce sens", affirme-t-elle à francetv info.

Qu'il s'agisse de harcèlement scolaire ou de cyberharcèlement, les établissements ont à présent les moyens de sanctionner les harceleurs, assure-t-elle. "Vincent Peillon a, par exemple, rappelé qu'il fallait faire comprendre aux adolescents que le cyberharcèlement n'appartient pas à la sphère privée et qu'ils seront sanctionnés au sein même de l'établissement pour ce qui se passe sur internet", se félicite la responsable associative. Des sanctions qui vont de l'avertissement à l'expulsion, en passant par les travaux d'intérêt général.

Dans tous les cas, les spécialistes déconseillent vivement aux parents des victimes d'intervenir eux-mêmes auprès des harceleurs, au risque d'empirer la situation avec l'établissement ou leurs parents. "Sauf si l'on connaît l'environnement du harceleur et ses parents. Là, vous ne prendrez pas de risques à aller parler avec eux", nuance Hélène Romano.

Enfin, les parents ou les victimes peuvent aussi contacter un médiateur en appelant l'un des deux numéros verts mis en place par le ministère. Au numéro Stop harcèlement (0808 807 010), des conseillers-psychologues, des juristes ou des conseillers scolaires répondent aux parents et peuvent faire la liaison avec un "référent harcèlement" de l'académie. Au numéro Net écoute (0800 200 000), spécialisé dans le cyberharcèlement, les parents ou jeunes harcelés peuvent se faire aider pour faire retirer des images, des vidéos ou des propos blessants des réseaux sociaux.

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