Polémique Stanislas : y-a-t-il encore beaucoup de classes non mixtes en France ?

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L’établissement parisien privé et catholique Stanislas. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS)
Selon Mediapart, Amélie Oudéa Castera, la ministre de l'Education a fait le choix de séparer ses trois garçons des filles au sein de l’établissement parisien privé et catholique Stanislas. Une pratique légale et très marginale.

La scolarisation des enfants d'Amélie Oudéa-Ca

stera continue de susciter la polémique. Alors que le gouvernement vient de reconnaître qu'il y avait eu "un non-respect de Parcoursup" de la part de l'établissement privé Stanislas au sujet d'un des fils de la ministre de l'Éducation, Mediapart révèle, mercredi 24 janvier, qu'Amélie Oudéa-Castera a fait le choix de séparer ses trois garçons des filles au sein du collège parisien privé et catholique.

Alors que la mixité est un des principes fondamentaux de l'école républicaine publique, certains établissements privés choisissent de séparer les filles et les garçons. Une pratique légale très minoritaire.

1975 : la non mixité devient obligatoire 

C'est la loi dite "Haby" (qui doit son nom au ministre de l'Éducation nationale René Haby) du 11 juillet 1975 instituant "le collège pour tous" qui rend obligatoire la mixité dans l'enseignement primaire et secondaire.

Une révolution qui ne s'est pas faite du jour au lendemain, explique l'historien de l'éducation Claude Lelièvre."Historiquement, il ne faut pas oublier que la mixité était totalement déconseillée par l'Église catholique". "À partir des années 60, poursuit-il, avant 1968 donc, contrairement à ce qu'on pense, la mixité est favorisée, en tout cas dans le public, au niveau du primaire et en partie du collège. Le mouvement de remise en cause de la non mixité, sauf cas marginaux, ça date des années 60 et pour les lycées après 1968".

2008 : une nouvelle loi change les règles 

Adoptée le 27 mai 2008, une loi visant à transposer dans le droit français plusieurs dispositions européennes relatives à la lutte contre les discriminations remet en cause ce principe de mixité. L'alinea 4 de l'article 2 autorise ainsi l'"organisation d'enseignements par regroupement des élèves en fonction de leur sexe"

À l'époque, le ministre de l'Éducation, Xavier Darcos, avait assuré qu'il ne s'agissait pas d'encourager les classes non mixtes mais de permettre à certains établissements privés, où existaient déjà des classes de filles et de garçons - de se mettre en conformité avec le droit communautaire.

Les classes non mixtes, une infime minorité 

Malgré cette évolution législative, la mixité est restée la norme dans l'enseignement public. À l'exception, et c'est la seule et unique, des maisons d'éducation de jeunes filles de la Légion d'honneur. C'est à dire environ un millier d'élèves, de la sixième aux classes préparatoires et BTS.

Même dans le privé, les classes non mixtes "sont vraiment marginales", affirme Claude Lelièvre. On les trouve essentiellement, ajoute l'historien, dans les établissements hors contrats, qui ne représentent dans leur ensemble "même pas 1%" des établissements scolaires.

Le ministère de l'Éducation nationale, contacté par franceinfo, indique de son côté qu'il ne dispose pas de statistique sur les classes non mixtes. En 2004, un rapport du Sénat recensait 44 écoles non mixtes, dont 32 écoles de garçons et 12 écoles de filles, sur plus de 59 000 écoles, soit 0,07%.

"Il n'y a pas de vague pour un retour vers la non mixité", estime Claude Lelièvre. Le collège Stanislas, où ont été scolarisés les fils d'Amélie Oudéa-Castéa est, selon l'historien, l'incarnation d'un enseignement "foncièrement conservateur".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.