Notation de la philo : la loterie, tests à l’appui
La même copie de philo. Dix professeurs.
_ Et au final, un écart de huit points entre la plus mauvaise note (6/20) et la meilleure (14/20). Soit, pour un candidat au bac L, où la philo est notée avec un coefficient 7, un écart de 56 points sur la note finale.
Mais au-delà de la note, qui peut faire réussir ou louper le bac, les appréciations sont à l’avenant :
"De bonnes intuitions, des réflexions pertinentes", écrit un premier correcteur. "La réflexion est claire et bien conduite, le plan est simple et lisible, il y a une réelle progression des idées", explique un autre.
"En grande partie hors sujet", sanctionne un troisième. "Effet de la fameuse méthode thèse-antithèse-foutaise", ironise un quatrième.
Etudes scientifiques concordantes
Cette enquête confirme des études réalisées dans des conditions scientifiques dès 1938. Lesquelles montraient qu’il fallait 127 correcteurs pour une même copie de philo, pour corriger les écarts de notation.
Le philosophe et ancien ministre de l’Education nationale Luc Ferry s’inquiétait plus récemment de cette situation : "les écarts de 5 à 6 points sont archi fréquents, malgré les commissions d’harmonisation des notes. J’ai pu voir de mes propres yeux la même copie notée 3 par un correcteur, et 17 par un autre", assure-t-il.
Laurence Hansen-Love, professeur de philo au lycée Buffon à Paris, tempère. Assurant que, tout de même, beaucoup de correcteurs ont mis entre 10 et 12 à la copie soumise par L’Etudiant. Et qu’il n’y a que quelques extrêmes. “Cela reflète tout à fait ce que je vois dans les jurys du bac. Il y a un gros paquet de profs qui mettent la même note et certains qui se démarquent. Cette expérience est finalement très représentative“.
Emmanuel Davidenkoff, Gilles Halais
Consulter l'intégralité de l'enquête de L'Etudiant
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.