Nombre d'enseignants à la rentrée 2024 : "Nous sommes très loin du compte", estime le SNPDEN

Le syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale réagit à la décision de Gabriel Attal dans le cadre de la réforme dite du "choc des savoirs" d'annuler la baisse du nombre d'enseignants prévue initialement au budget 2024.
Article rédigé par franceinfo
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Un professeur de mathématique au collège. Photo d'illustration (FRED HASLIN / MAXPPP)

Le ministre de l'Éducation a annoncé que la baisse du nombre d'enseignants prévue initialement au budget 2024 est annulée pour permettre un meilleur taux d'encadrement des élèves par les professeurs dans le cadre de la réforme dite du "choc des savoirs". "Nous sommes très loin du compte", affirme jeudi 21 décembre, sur franceinfo Audrey Chanonat, secrétaire nationale du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale (SNPDEN). Gabriel Attal a également confirmé que des groupes de niveau de quinze élèves en français et en mathématiques seront mis en place dans les établissements scolaires où les résultats sont les plus faibles.

"Il n'y aura pas suffisamment de professeurs pour s'occuper de tous les groupes dans tous les collèges", estime Audrey Chanonat. Le SNPDEN a calculé que pour les deux prochaines années, "il fallait 19 000 postes créés". La secrétaire nationale du syndicat des personnels de direction alerte par ailleurs sur la manière dont "ces groupes de niveau seront faits". Si les élèves "restent dans ce groupe de quinze en permanence, de la sixième à la troisième", ils vont être selon elle "étiquetés en permanence en difficulté".

franceinfo : Est-ce que l'annonce de Gabriel Attal de ne pas supprimer de postes est une bonne surprise ?

Audrey Chanonat : Qu'on ne supprime plus de postes, c'est effectivement une bonne surprise pour nous et avant tout pour les élèves concernés. En revanche, nous nous interrogeons très fortement sur l'ampleur. Les chiffres du ministère ne correspondent pas du tout à ceux que nous avions calculés au SNPDEN. Nous avions calculé que pour les deux prochaines années, il fallait 19 000 postes créés. Donc nous sommes très loin du compte et nous nous interrogeons sur les moyens nécessaires et sur la manière dont ces moyens vont pouvoir être répartis entre les établissements.

"Il n'y aura pas suffisamment de professeurs pour s'occuper de tous les groupes dans tous les collèges. Notre calcul montre que le chiffre du ministère ne correspond pas à un groupe de niveau de plus, toutes les trois classes, ce n'est pas possible."

Audrey Chanonat, secrétaire nationale du SNPDEN

à franceinfo

La mise en place de ces groupes de niveaux d'ici la prochaine rentrée, est-ce qu'elle continue de susciter des inquiétudes chez vous ?

Elle continue. Mais c'est surtout la question des moyens qui va être absolument prépondérante pour nous. Pas de moyen, pas de mise en place. Tout simplement parce que nous ne pourrons pas. Nous sommes en attente des décisions des ministères et des critères d'attribution des moyens. Est-ce qu'il y aura davantage de professeurs qui seront fléchés dans les établissements plus en difficulté ? Est-ce que ce sera réparti plus également ? On s'interroge. Et après il faut voir l'impact sur les emplois du temps. Ça, ça se gère. C'est une question technique que les chefs d'établissement peuvent mettre en route. Mais est-ce que ça va suffire pour faire réussir tous ces élèves en difficulté ? Interrogation.

La question du nombre d'élèves par groupe, avec le principe de quinze élèves maximum pour les élèves les plus en difficulté, est-ce qu'elle est fondamentale ?

Réduire le nombre d'élèves pour avoir des groupes d'élèves en difficulté, ça peut être une bonne idée. Nous, la question que nous posons, c'est comment ces groupes seront faits ? Si les élèves en difficulté, alors qu'ils vont être plus ou moins être les mêmes en français et en mathématiques, restent dans ce groupe de quinze en permanence, de la sixième à la troisième, ce groupe-là va avancer moins vite que les autres groupes et les écarts risquent encore de se creuser. Nous avons demandé au ministère de nous laisser faire les groupes avec beaucoup de souplesse pour que les élèves en difficulté ne soient pas étiquetés en permanence en difficulté, sinon ça ne marchera pas.

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