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La polémique sur le souvenir de la Shoah à l'école continue

Nicolas Sarkozy se rend ce matin à Périgueux pour parler de l'école primaire. Depuis hier la polémique enfle sur sa volonté de confier, à partir de la rentrée prochaine, à chaque élève de CM2 la mémoire de l'un des 11.000 enfants français victimes de la Shoah.
Article rédigé par franceinfo
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  (Radio France © REUTERS / Philippe Wojazer)

Chaque rentrée scolaire semble désormais faire l'objet d'une innovation dictée par Nicolas Sarkozy. En 2007, le président de la République avait demandé que soit lue dans les lycées français la lettre du résistant Guy Môquet. La démarche, quelque peu précipitée et inédite dans sa formulation, avait fortement divisé le monde enseignant. Les réfractaires dénonçaient notamment une certaine intrusion du chef de l'Etat dans les programmes scolaires.

Lors d'un discours prononcé hier soir pendant le dîner annuel du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), le président est revenu sur sa conception de la laïcité, mais il a surtout annoncé pour la rentrée prochaine son souhait de voir confiés à chaque élève de CM2 "le nom et l'existence" d'un enfant victime de la Shoah en France. Une décision à forte valeur symbolique, qui se heurte aux réactions des instituteurs et de leurs syndicats, pour des motifs essentiellement théoriques et pédagogiques.

Sur France Info ce matin, Gilles Moindrot, le secrétaire général du principal syndicat du primaire, le SNUIPP-FSU, s'est montré dubitatif quant à cette décision et sur la méthode employée par Nicolas Sarkozy. Plus tard, le secrétaire général de l'UNSA-Education Patrick Gonthier a estimé que le président "confondait histoire et mémoire" et voulait "faire porter à des enfants de dix ans une charge affective qui les dépasse beaucoup".

Dans la sphère politique, l'annonce a suscité des réactions variées. Dominique de Villepin trouve cette idée "étrange", estimant que l'on ne peut pas "imposer la mémoire". Pour l'opposition, le premier secrétaire du PS François Hollande a déclaré que "chaque fois qu'on peut faire transmettre les exigences du devoir de mémoire, il faut le faire". Le député socialiste européen Vincent Peillon se dit "effondré" par l'initiative présidentielle. Le sénateur PS de l'Essonne Jean-Luc Mélenchon a préféré de son côté reprocher à Nicolas Sarkozy sa volonté "d'infliger une cure de mémoire" aux écoliers.

Matteu Maestracci

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