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Vidéo Suicide de Dinah : "Je n'ose même pas imaginer ce qu'elle a pu endurer", souffle son frère

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Elle s'appelait Dinah, elle avait 14 ans. Elle s'est pendue. Son frère témoigne du harcèlement qu'elle a subi pendant des années.
VIDEO. Suicide de Dinah : "Je n'ose même pas imaginer ce qu'elle a pu endurer", souffle son frère Elle s'appelait Dinah, elle avait 14 ans. Elle s'est pendue. Son frère témoigne du harcèlement qu'elle a subi pendant des années. (BRUT)
Article rédigé par Brut.
France Télévisions

Elle s'appelait Dinah, elle avait 14 ans. Elle s'est pendue. Son frère témoigne du harcèlement qu'elle a subi pendant des années.

"Tu vaux rien, t'es moche, t'es grosse, on ne t'aime pas. Tout le monde te déteste, tout le monde te hait. T'as pas compris que tu casses les couilles à tout le monde quand t'es en cours. T'es là, tu parles trop, tu poses trop de questions." Voici, entre autres choses, ce que Dinah subissait avant de mettre fin à ses jours le 5 octobre. 

Des violences physiques et psychologiques constantes

"Une fille comme toutes les autres, elle jouait, elle rigolait." Ce sont les mots qui sortent de la bouche de Rayan, son frère, lorsqu'il décrit Dinah. Il se souvient néanmoins avoir vu l'état de sa sœur se dégrader : de jour en jour, Dinah a commencé à moins se confier, à se renfermer. "C'est là qu'elle a commencé à montrer à ma mère, du coup, tous les messages qu'elle recevait, tout ce qui se passait au collège", se souvient Rayan. Ça se passait notamment sur un groupe WhatsApp où Dinah se faisait continuellement insulter, harceler, maltraiter. "Elle a quitté le groupe, elles continuaient à la remettre soit dans le groupe, soit à lui envoyer des captures d'écran de ce qui était dit dans la conversation." 

Puis, après s'être confiée sur son homosexualité, le harcèlement n'a fait que s'empirer. "On a appris que ça ne se limitait pas qu'à ce groupe de filles, c'était beaucoup de personnes du collège, beaucoup de personnes de sa classe, des garçons aussi, qui lui faisaient des remarques, jour après jour, qui passaient à côté d'elle, qui la bousculaient, qui renversaient son sac", rapporte son frère, lequel, souffle-t-il, n'ose "même pas imaginer ce qu'elle a pu endurer."

"Elle n’était pas épaulée"

Face à la détresse de sa fille, la mère de Dinah a pris contact avec le collège à plusieurs reprises pour alerter sur le problème. "Elle n'était pas épaulée ni par le corps enseignant ni par personne là-bas, aucun adulte", déplore Rayan. Désespérée, Dinah a fait une première tentative de suicide à la fin de son année de troisième. À sa rentrée au lycée, son frère se souvient d'une amélioration jusqu'au jour où elle se retrouve de nouveau face à ses harceleuses, à la cantine. À partir de là, Dinah n'y va plus, ne déjeuner plus et rôde devant son lycée. "J'aimerais comprendre, j'aimerais savoir ce qui pousse des adolescentes et adolescents à s'acharner comme ça, à s'acharner sans cesse sur la même personne."

"Tout ce que j'accomplirai, ce sera pour elle. Je vivrai pour deux"

Le 5 octobre, Dinah est retrouvée pendue dans sa chambre. "Quand je suis arrivé, il y avait déjà beaucoup de monde et j'ai vu ma mère, et : "C'est pas possible, elle n'est pas morte." Elle me dit : "Si. Elle s'est pendue dans sa chambre", souffle Rayan. Il ajoute : "On a déshumanisé ma sœur. On lui a fait croire qu'elle valait rien sur cette Terre, qu'elle allait rien faire de sa vie, que ça allait devenir personne." Pour Rayan, c'est désormais le début d'un combat : "Que tous ceux qui se font harceler sachent qu'ils peuvent en parler, qu'il y a des numéros qui existent, qu'il y a des personnes qui sont là, qui peuvent les écouter, et qu'il ne faut pas prendre ça comme des chamailleries de gamines comme ils ont dit au début."

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