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Suicide de Lindsay : "Le ministre de l'Education national se réveille, mieux vaut tard que jamais", déclare la mère de l'adolescente

Lindsay, une collégienne de 13 ans, s'est donné la mort, début mai, après avoir été victime de harcèlement scolaire. Pap Ndiaye a reconnu un "échec collectif" dans cette affaire et "une tragédie pour ses proches et pour l'Éducation nationale".
Article rédigé par franceinfo - Avec France Bleu Nord
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Les parents de Lindsay, dont Betty Gervois (à gauche), lors d'une conférence de presse à Vendin-le-Vieil, le 1er juin 2023. (DENIS CHARLET / AFP)

"Ça fait trois semaines aujourd'hui que Lindsay nous a quittés. Le ministre de l'Éducation nationale se réveille, mieux vaut tard que jamais", a déclaré vendredi 2 juin sur franceinfo Betty Gervois, la mère de Lindsay qui s'est donné la mort à 13 ans après avoir été victime de harcèlement scolaire. "À l'évidence, il s'agit d'un échec collectif, la mort de Lindsay est une tragédie pour ses proches, pour l'Éducation nationale et pour le pays, comme pour le suicide de n'importe quel jeune", a réagi jeudi sur BFMTV, par le ministre de l'Education nationale Pap Ndiaye.

Le ministre de l'Éducation nationale "a raison" lorsqu'il parle "d'échec collectif", salue maître Pierre Debuisson, avocat des parents de l'adolescente, vendredi matin sur France Bleu Nord. "On peut simplement déplorer qu'il ait attendu trois semaines pour venir tenir ces propos", regrette l'avocat qui aurait souhaité que Pap Ndiaye "puisse prendre son téléphone pour partager quelques mots de compassion avec les parents" de Lindsay dont le suicide remonte au 12 mai.

Pap Ndiaye a affirmé sur BFMTV suivre "personnellement" le dossier du suicide de l'adolescente, affirmant avoir "essayé plusieurs fois de joindre la mère de Lindsay", Betty Gervois indique n'avoir eu aucun contact avec le ministre.

Le directeur du collège pointé du doigt par la famille

"S'ils avaient été là, ma fille serait encore avec nous aujourd'hui, explique Betty Gervois. Ça bouge une fois qu'elle n'est plus là. On aurait pu faire ça bien avant. Surtout que je ne suis pas restée à la maison à rien faire. J'ai tout fait." La famille de l'adolescente a annoncé jeudi avoir déposé quatre plaintes contre la direction du collège, l'académie de Lille, les policiers en charge de l'enquête pour "non-assistance à personne en péril" et contre le réseau social Facebook "défaillant" en matière de modération des contenus et de lutte contre les propos haineux. Selon la mère de la jeune fille, le "directeur du collège et l'Éducation nationale" portent la plus grande part de responsabilité.

Si "les responsabilités sont partagées", Maître Pierre Debuisson estime tout de même que celle du directeur de l'établissement scolaire est "peut-être pénalement plus forte". "Lindsay avait été le voir pour partager sa souffrance, sa détresse. C'était un appel à l'aide qui a été piétiné par cet homme qui n'a pas voulu l'écouter", martèle l'avocat, sur France Bleu Nord, rappelant que la mère de Lindsay avait également "pris contact" avec le directeur du collège, sans succès.

Cinq personnes, dont quatre mineurs, ont été mises en examen dans cette affaire. Elles sont poursuivies pour "harcèlement scolaire ayant conduit au suicide". Cependant, d'après Maître Pierre Debuisson, l'enquête, menée par le parquet de Béthune, "est au point mort". "Le placement sous contrôle judiciaire n'a servi à rien, certaines des harceleuses semblent continuer à multiplier des propos injurieux vis-à-vis de la mémoire Lindsay. Si ce ne sont pas ces harceleuses, ce sont leur entourage", fustige l'avocat.

Il faut "se réveiller" face au fléau du harcèlement scolaire

"Ce qui est sûr c'est qu'aujourd'hui Lindsay est morte et sa mort n'a pas suffi à arrêter ce déchaînement de haine et de violence absolument inouï dans cette affaire", regrette Me Pierre Debuisson qui appelle "à se réveiller au niveau national" face à ce fléau du harcèlement scolaire.

"Si aujourd'hui, on se bat, c'est pour ma fille et aussi pour d'autres enfants parce que le harcèlement, il y en a énormément."

Betty Gervois

à franceinffo

Betty Gervois explique avoir été contactée par "beaucoup, beaucoup" d'autres parents qui n'ont "aucune aide de personne". La mère de l'adolescente a par ailleurs annoncé qu'elle a pour projet "d'ouvrir une association" afin de lutter contre le harcèlement scolaire.

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