"Rose et Rose" : une comédie musicale pour lutter contre le harcèlement scolaire
Une comédie musicale met en scène le calvaire de Rose, une adolescente de 13 ans, harcelée par ses camarades.
Pour lutter contre le harcèlement scolaire, il y avait jusqu'ici des numéros d’appel, des clips de prévention du ministère, et une journée nationale, mise en place le 3 novembre. Désormais, il y a aussi une comédie musicale, intitulée Rose et Rose.
Il s'agit d'une création du CREA, le centre de création vocale et scénique d’Aulnay-sous-Bois en Seine-saint-Denis. Ce spectacle, interprété par une quarantaine de jeunes, met en scène le calvaire d’une adolescente de 13 ans, Rose, harcelée par ses camarades au collège. Le soir, elle dessine son autoportrait dans sa chambre. Un jour, ce dessin prend vie, et la remplace au collège afin de renverser la situation. Cette pièce est jouée samedi 28 janvier à l'Opéra Bastille à Paris.
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Tous les jeunes acteurs ont répété pendant un an, plusieurs heures par semaine, pour ce spectacle. Peu à peu, ils se sont imprégnés des difficultés de Rose. "Elle est victime de harcèlement par toute sa classe. Elle ne sait pas ce qu'elle doit faire pour sortir de cette situation, elle est vraiment coincée dedans", explique Jeanne, 16 ans, est l'actrice qui interprète le double de Rose.
Les dialogues, d'ailleurs, sont réalistes, ponctués de railleries blessantes : "Ça sent bon une rose d'habitude. Alors comment tu expliques que toi tu pues, Rose ?"
Dans cette mise en scène, le double de Rose, cet autoportrait qui devient réalité, va "aider Rose à reprendre confiance en elle et à se reprendre en main", décrit Jeanne. Une histoire qui la touche car, "il y a trois ans, j'ai été moi-même victime de harcèlement dans mon collège. Ces gens me faisaient en permanence des commentaires super méchants, ils ne passaient pas une seconde sans me laisser respirer", raconte-t-elle.
Je pense que le plus important, c'est d'en parler à ses parents ou à des professeurs. Il faut essayer de ne pas se laisser faire.
Jeanne, qui interprète le double de Rose.
Entre danses hip-hop et chants entraînants, la détresse de Rose, la cruauté de la meute au collège, l'ignorance des adultes sont abordés sur un ton décalé. Mission réussie pour Didier Grojman, le fondateur du centre de création vocale et scénique d'Aulnay-sous-Bois, qui accueille plus de 140 enfants : "Passer par l'art ou la culture, je trouve que c'est bien plus fort et bien plus porteur qu'un simple débat ou un exposé ou une affiche quelque part."
Le directeur musical n'a qu'un regret : "J'étais persuadé que l'Éducation nationale s'emparerait d'un tel spectacle pour que ce document soit diffusé dans tous les collèges, pour qu'il y ait de vrais débats", s'agace-t-il. "Malgré toutes nos sollicitations, c'est resté lettre morte."
En tout cas, le public est conquis. "Ce spectacle met en mots des situations dont on n'a pas forcément conscience, au collège ou ailleurs", explique l'un des spectateurs. "Le fait de raconter tout cela dans une histoire, avec du rythme et de la musique, cela fait rentrer les mots, et on comprend ce qui se passe."
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