Phobie scolaire : "Une réaction très forte de refus, d'incapacité à pouvoir franchir la porte de l'école"
A la veille de la rentrée pour 12 millions d'élèves, le président de l'association Phobie scolaire, Luc Mathis, évoque sur franceinfo cette "incapacité à pouvoir franchir la porte de l'école."
Alors que plus de 12 millions d'élèves s'apprêtent à reprendre, lundi, le chemin de l'école, cette rentrée s'annonce particulièrement pénible pour les enfants souffrant de phobie scolaire.
Selon les associations, 1% à 5% des enfants scolarisés dans les pays occidentaux souffriraient de ce trouble que Luc Mathis, président de l'association Phobie scolaire, décrit, dimanche 3 septembre sur franceinfo, comme "une réaction qui est très forte de refus, d'incapacité à pouvoir franchir la porte de l'école."
franceinfo : Comment cette phobie s'est-elle manifestée pour votre enfant ?
Luc Mathis : On a trouvé une image dans l'association qui est celle du cheval qui se bloque devant une barrière ou qui se cabre. C'est souvent comme ça que, souvent, les parents s'en rendent compte : il y a une réaction qui est très forte de refus, d'incapacité à pouvoir franchir la porte de l'école. C'est ce qui m'est arrivé et que tous les parents que l'on rencontre vivent. Les médecins qu'on a rencontrés nous ont tout de suite dit que ce n'était pas de la phobie comme la peur des araignées : souvent, les enfants ont envie d'aller à l'école, ont envie de réussir. Et ce n'est pas que scolaire : c'est l'école comme lieu de vie principal du jeune, mais il y a toute une composante personnelle, voire familiale, derrière. Le troisième élément, c'est qu'il y a une forte charge émotionnelle, et les causes qui sont identifiées peuvent être du harcèlement, des troubles des apprentissages, comme les dyslexies, les dyspraxies, la précocité, des anxiétés de performance, et parfois des phobies sociales.
Comment accompagnez-vous ces jeunes, là où leurs parents ou le système scolaire, peuvent être dépassés ?
Nous, on est une association de parents, pas des psychologues ou des psychiatres. Je suis allé aux Etats-Unis pour voir comment ils abordent cela et la première chose qu'ils disent, c'est de conseiller aux parents de travailler leur propre stress, anxiété, pour diminuer la tension à la maison et pouvoir accompagner le jeune. Dans l'association, nous organisons des rencontres de partage entre les parents et c'est quelque chose de très important de pouvoir sortir de la situation d'isolement dans laquelle les parents se retrouvent. Le deuxième point sur lequel on agit, c'est d'engager un dialogue entre le psychothérapeute, l'équipe enseignante et l'équipe éducative. Dans "phobie scolaire," souvent, les parents voient "scolaire", donc ils vont pointer du doigt l'école. Les enseignants, éventuellement, vont voir "phobie", et vont dire : "Tiens, c'est bizarre". Ça se fait en plusieurs étapes, un psychothérapeute doit suivre le jeune. Un psychologue, un psychiatre, qui va dire aux parents de quoi il s'agit : est-ce que c'est du harcèlement ? Un trouble des apprentissages ? Une précocité ? Chaque fois, c'est une situation très différente et unique.
Mais ce sont quand même les parents qui sont au cœur de ce déblocage ?
Pour moi, ça paraît clair. Nous sommes en contact avec énormément de psychiatres à l'échelle nationale qui nous disent que, quand les parents se mobilisent, les choses bougent (…) Le psychothérapeute doit expliquer aux parents ce qui se passe et, ensuite, les parents doivent expliquer la situation à l'équipe éducative. Les situations sont tellement variées qu'on ne peut pas attendre des enseignants de savoir ce qui se passe.
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