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Bizutage à l'Ensam d'Angers : "L'omerta en place dans certaines écoles est la première coupable de ces actes-là"

Hadrien Robidas, président de la fédération étudiante des associations angevines a dénoncé mercredi sur franceinfo une nouvelle affaire de bizutage à l'Ecole nationale supérieure des arts et métiers d'Angers. Seize étudiants ont été tatoués par brûlures, lors d'un rituel d'intégration.

Article rédigé par franceinfo
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l'Ecole nationale supérieure des arts et métiers (Ensam) d'Angers.  (JOSSELIN CLAIR / MAXPPP)

Le 11 octobre 2017, 16 étudiants de première année à l'Ecole nationale supérieure des arts et métiers (Ensam) d'Angers ont été tatoués par brûlures, lors d'un rituel d'intégration. La direction de l'établissement a convoqué une commission disciplinaire pour examiner les faits. "Malheureusement, à l'Ensam à Angers, nous avons assisté à des débordements évidents" a regretté, mercredi 10 janvier sur franceinfo, Hadrien Robidas, président de la fédération étudiante des associations angevines. "Le bizutage est clairement interdit", a-t-il ajouté. "Mais il y a une omerta en place dans certaines écoles qui fait peur à certains étudiants (...) l'omerta est le premier coupable de ces actes-là", a avancé Hadrien Robidas.

franceinfo : Depuis 1998 toute forme de bizutage est interdit en France et pourtant, il y a encore des dérives aujourd'hui. Cela arrive souvent ?

Hadrien Robidas : J'ose espérer que non. Tout est mis en place pour que les dispositifs d'inclusion sur les périodes de rentrée soient contrôlés. Malheureusement à l'Ensam à Angers, nous avons assisté à des débordements évidents. Sur une ville comme la nôtre, sur le territoire de l'Anjou, ce ne sont plus des actes de bizutage, ce sont des soirées de cohésion qui sont organisées par les associations pour assurer l'inclusion des étudiants dans leurs nouvelles communautés. Le bizutage est clairement interdit, et c'est saisi par les associations. Normalement on n'a plus à faire à ce genre de processus.

Comment expliquer que les étudiants bizutés acceptent. C'est parce qu'ils ont peur ?

Là, on parle d'un cas bien particulier d'une soirée qui est sortie du système normal des processus d'inclusion. Si cela arrive, encore c'est peut-être parce que les choses ne sont pas assez encadrées. Les associations ne sont peut-être pas assez formées. Il y a des dispositifs de formation qui sont mis en place par la ville d'Angers notamment pour assurer que ça ne se produise plus. Mais il y a encore un système d'omerta qui est en place dans certaines écoles encore aujourd'hui et qui fait peur à certains étudiants qui malheureusement refusent de témoigner. L'omerta est la première coupable de ces actes-là. Pour les étudiants qui se sentent ciblés par des dispositifs de bizutage qui se déroulent encore aujourd'hui. Il y a des associations qui sont là pour ça. Les responsables administratifs des établissements supérieurs sont aussi formés à ces problématiques-là. Il est important qu'ils se saisissent de ces sujets et les dénoncent quand il y en a et ensuite ils doivent permettre un accompagnement les étudiants sur le plan psychologique.

Un étudiant qui refuse le bizutage, il peut être méprisé et faire l'objet de rejet par ses camarades ensuite non ?

Aujourd'hui il est possible, d'après les différents témoignages que nous avons eus au cours du dernier mois sur ces processus d'inclusion, que certains étudiants soient exclus de leur communauté. Je rappelle qu'en aucun cas ces périodes d'inclusion ne doivent donner lieu à l'exclusion d'un étudiant. Il est important que l'étudiant puisse refuser peu importe ce qu'on lui propose. Il doit avoir le droit de refuser. Aujourd'hui, on a un nombre d'acteurs importants qui peuvent se saisir de ces questions-là. Il y a les associations étudiantes qui doivent être le relais de ces sujets. Les responsables des établissements peuvent être aussi saisis. 

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