Grève des enseignants : on vous explique pourquoi l'intersyndicale de Seine-Saint-Denis appelle à la mobilisation pour la rentrée du 22 avril
"Pas de rentrée le 22 avril". Après une rencontre avec la ministre de l'Education nationale Nicole Belloubet, lundi 15 avril, l'intersyndicale FSU, CGT, SUD et CNT a publié un communiqué appelant les enseignants de Seine-Saint-Denis à une nouvelle grève lundi 22 avril, jour de la rentrée après les vacances de printemps dans la zone C. Les syndicats réclament depuis plusieurs semaines un plan d'urgence pour l'éducation dans le département, dénonçant notamment des bâtiments insalubres et un manque de personnel. Cet appel à la grève pourrait "s'avérer fortement suivi", estime l'intersyndicale.
Depuis le 26 février, un mouvement de contestation s'est constitué pour réclamer plus de moyens pour l'école en Seine-Saint-Denis, territoire le plus pauvre de l'Hexagone selon l'Insee. Outre des opérations "école déserte", des grèves et rassemblements ont été organisés, ainsi qu'une manifestation sous les fenêtres de Matignon.
Les syndicats réclament le déblocage de "358 millions d'euros" pour permettre la création de 5 000 postes d'enseignants et d'un peu plus de 3 000 emplois de vie scolaire. Douze communes de Seine-Saint-Denis ont par ailleurs attaqué l'Etat en raison du manque d'enseignants dans le département. "Il s'agit simplement de demander l'égalité républicaine", soulignait lundi 4 mars sur franceinfo Emmanuel Constant, vice-président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis en charge de l'Education.
Parmi leurs revendications figurent aussi des seuils à 20 élèves par classe et la réfection des établissements vieillissants. Autre motif de griefs : la création de groupes de niveau au collège en mathématiques et en français, prévue dès la rentrée de septembre. Une mesure contre laquelle les enseignants se sont déjà mobilisés, mardi 2 avril. Selon le ministère de l'Education nationale, 15% des personnels étaient ce jour-là grévistes dans les collèges, 5% dans les écoles, 4% dans les lycées professionnels et 2% dans les lycées généraux et technologiques.
"C'est inquiétant après six semaines de mobilisation"
Dans un communiqué, le ministère de l'Education a rappelé à l'issue de la réunion organisée avec les syndicats les investissements effectués par le gouvernement depuis 2017. Il s'est engagé, sans fournir de chiffres ou de calendrier précis, à "poursuivre les efforts entrepris en Seine-Saint-Denis".
Parmi les objectifs affichés, il affirme notamment qu'une "équipe renforcée de personnels pour assurer les remplacements" est à l'étude ou qu'il est prévu de "poursuivre le travail de sécurisation des établissements, avec un renforcement des moyens humains en vie scolaire". La ministre veillera par ailleurs à ce que "la mise en place des groupes au collège à la rentrée 2024 (…) fasse l'objet d'un suivi précis", selon ses services.
"On nous avait promis des annonces réelles, on n'y est pas du tout", regrette auprès de l'AFP Zoé Butzbach, cosecrétaire de la CGT Education du 93. "Le ministère connaît nos revendications, mais il nous a donné rendez-vous dans trois semaines (…). C'est jouer avec le feu". Une vision que partagent certains de ses collègues syndiqués. "C'est plus que décevant, c'est même inquiétant, surtout après six semaines de mobilisation", abonde Marie-Hélène Plard, cosecrétaire FSU-SNUipp 93, "le ministère ne prend pas la mesure du service public de l'éducation en Seine-Saint-Denis et de l'ampleur de la mobilisation", ajoute-t-elle auprès de l'AFP.
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