Enfants et écrans : "C'est toute une génération dont l'avenir est en jeu", alerte une spécialiste

"Ça ne suffit plus d'alerter, ça ne suffit plus d'éduquer, on ne peut pas éduquer sur quelque chose d'addictif", avance Anne-Lise Ducanda, médecin du développement de l'enfant et fondatrice du Collectif surexposition écrans, mardi sur franceinfo.
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Selon Anne-Lise Ducanda, "il faut expliquer aux parents" les répercussions de l'hyper connexion subie des enfants. Image d'illustration. (VANESSA MEYER / MAXPPP)

"Il faut protéger les enfants, c'est toute une génération dont l'avenir est en jeu", alerte mardi 30 avril sur franceinfo Anne-Lise Ducanda, médecin du développement de l'enfant et fondatrice du Collectif surexposition écrans, alors qu'un rapport d'experts est remis le même jour à Emmanuel Macron, préconisant d'interdire l'usage des écrans aux enfants de moins de 3 ans et de téléphones portables aux enfants de moins de 11 ans. "J'espère que les recommandations de la Commission seront reprises par le gouvernement", affirme-t-elle. "Ça ne suffit plus d'alerter, ça ne suffit plus d'éduquer, on ne peut pas éduquer sur quelque chose d'addictif", avance-t-elle.

Chez les jeunes enfants qui ne "parlent pas encore correctement", "les écrans les privent de besoins essentiels liés au développement", les empêchent de "créer une relation d'attachement avec ses proches, notamment ses parents et explorer le monde réel avec tous leurs sens", assure la médecin. Elle explique qu'avec l'usage des écrans, "le cerveau et toutes les compétences de l'enfant socio-émotionnel et psychique ne peuvent pas se faire". "On voit en consultation énormément d'enfants avec des troubles du développement et quand on fait un sevrage des écrans de plusieurs mois, on voit un redémarrage du développement très important", poursuit-elle. 

"Si vous ne dites pas d'écran avant trois ans sans expliquer, ça ne marche pas, c'est trop dur. C'est tellement pratique les écrans, ils sont tellement partout."

Anne-Lise Ducanda, médecin du développement de l'enfant

sur franceinfo

Selon cette spécialiste, "il faut expliquer aux parents" les répercussions de l'hyper connexion subie des enfants. Elle appelle à "des campagnes aussi fortes que pour le tabac et aussi fréquentes que pour le Covid". La commission d'experts spécialement missionnée par l'exécutif pointe également le rôle des réseaux sociaux et recommande de n'autoriser l'accès à un téléphone portable sans internet qu'à partir de 11 ans et à partir de 13 ans pour un smartphone, mais sans accès aux réseaux sociaux. "Enlever le smartphone, c'est indispensable" pour Anne-Lise Ducanda qui défend, de son côté, l'interdiction de l'usage d'un smartphone connecté avant 15 ans. "On ne peut pas protéger les enfants en demandant aux plateformes de se réguler, ce qu'elles ne font pas d'ailleurs", souligne-t-elle. "Je pense qu'on est en train de découvrir une addiction qu'on ne connaissait pas", souligne Anne-Lise Ducanda, avant d'ajouter que "les réseaux sociaux ont toutes les caractéristiques cliniques d'une addiction". 

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