Quarante députés PS contre l'enseignement en anglais dans les universités françaises
Dans un amendement, les parlementaires proposent de supprimer l'article d'un projet de loi qui étend les exceptions pour l'enseignement universitaire en France en anglais.
"Do you speak English ?" Pour une quarantaine de députés socialistes, la réponse est "non" lorsqu'il s'agit de cours à l'université. Dans un amendement, ces parlementaires proposent de supprimer l'article du projet de loi sur la recherche et l'enseignement supérieur, qui étend les exceptions pour l'enseignement universitaire en France en anglais. Ce projet de loi est examiné, mardi 14 mai et mercredi 15, en commission à l'Assemblée nationale.
Que prévoit le projet de loi ?
L'article incriminé du projet de loi, porté par la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, étend les exceptions de la loi Toubon. Ce texte, qui date de 1994, dit expressément que la langue de l'enseignement est le français, sauf exceptions.
La ministre veut inclure d'autres exceptions, notamment dans le cadre d'accords avec des universités étrangères ou de programmes financés par l'Union européenne, entre autres au nom de l'attractivité des universités françaises. "L'Inde compte un milliard d'habitants, mais nous n'accueillons que 3 000 étudiants indiens en France. Nous sommes ridicules. L'une des raisons est qu'il n'y a pas assez de cours en anglais", a-t-elle notamment expliqué en avril pour justifier ce projet, selon Le Monde.
Quels sont les arguments des quarante députés PS ?
"En posant l'anglais comme condition de l'attractivité de nos universités, nous courons le risque de marginaliser les étudiants francophones et ceux souhaitant apprendre notre langue", souligne cet amendement dans son exposé des motifs.
Initié par le député PS Pouria Amirshahi, cet amendement déplore "un recul par rapport à la loi Toubon de 1994". "Cette loi prévoit déjà des exceptions pour 'les écoles étrangères ou spécialement ouvertes pour accueillir des élèves de nationalité étrangère, ainsi que les établissements dispensant un enseignement à caractère international'. Dès lors, cet article n'a pas d'utilité", expliquent ces députés, dont Jérôme Guedj, Laurent Baumel, Patrick Mennucci, Daniel Goldberg ou encore Pascal Terrasse.
Le sujet divise aussi le monde académique. Des scientifiques renommés ont signé une tribune dans Le Monde, le 8 mai, pour appuyer l'initiative de Geneviève Fioraso. Tandis que le philosophe et historien Michel Serres s'y est vigoureusement opposé sur France Info. Selon lui, "enseigner en anglais nous ramènerait [...] à un pays colonisé dont la langue ne peut plus tout dire". Dans l'hémicycle, le projet de loi sera débattu la semaine prochaine.
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