: Reportage "Cela va être stigmatisant" : avec la création de "groupes de niveaux", enseignants et parents d'élèves craignent une école à deux vitesses
Avec son plan pour l'école, présenté dans la foulée des résultats décevants de l'étude internationale Pisa, le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal veut notamment instaurer des "groupes de niveaux" au collège, en français et en mathématiques, pour les 6e et 5e dès la rentrée prochaine (et pour les 4e et les 3e à partir de septembre 2025). Une mesure qui ne convainc pas tout à fait ces enseignants et parents d'élèves.
Coller des étiquettes aux élèves en difficulté, c'est l'une des craintes qui revient le plus parmi les professeurs. "Par exemple, un élève de 6e repéré comme fragile en math va aller dans le niveau 1", explique Zoé Butzbach, enseignante en collège REP+ à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. "Il va vite comprendre qu'il est dans le groupe des nuls, donc cela va être stigmatisant, quelles que soient les intentions."
La FCPE dubitative sur les groupes homogènes
Des groupes homogènes, où les plus faibles ne bénéficient plus d'une possible entraide, c'est également ce que redoute la FCPE (Fédération des conseils de parents d'élèves). Patrice Furet préside la Fédération dans les Hauts-de-Seine. Il est aussi père de deux collégiens dans le public.
"Les classes fonctionnent toutes de la même façon, avec une locomotive et derrière il y a des wagons qui réussissent plus ou moins avec des dynamiques positives", explique-t-il.
"Et un gamin qui est très doué ne sera pas forcément pénalisé avec des moins bons. Mon fils a des résultats excellents, mais en plus il a une attitude reconnue par les profs parce qu'il est altruiste, parce qu'il apporte son soutien aux autres. Je pense que ce sont des valeurs qui sont importantes. Si on sépare tout ça, j'ai peur que ce soit vraiment la casse."
D'autres options sur la table
Beaucoup de ceux qui découvrent la solution choisie par Gabriel Attal craignent que cela crée une école à deux vitesses. Il y avait pourtant d'autres options selon Raphaël, professeur de mathématiques à Montreuil, en zone d'éducation prioritaire. "Des solutions auxquelles nous, on a pensé dans notre collège : une alternative aux petits groupes. Deux profs de maths seraient sur certaines heures dans la même classe", détaille l'enseignant. "C'est un dispositif qui apporte énormément de possibilités d'aide individualisée aux élèves sans sortir de la classe les élèves les plus en difficulté."
L'idée de groupes de niveaux, toutefois, n'est pas rejetée par la totalité des enseignants. On en trouve aussi, moins expansifs, mais intéressés par cette piste. Des échos positifs parfois entendus en salle des professeurs mais qui se heurtent à la question des postes. Gabriel Attal devait en supprimer 2 500 dans le budget de l'année prochaine. Il évoque maintenant la nécessité d'en créer des "milliers" d'autres pour assurer la mise en œuvre de ces groupes de niveaux.
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