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"Cela ne me fait plus peur de travailler en anglais" : dans l'Essonne, des élèves en bac pro cuisine profitent d'Erasmus pour s'ouvrir de nouveaux horizons

Bien souvent sollicité par les étudiants à l'université, le programme européen Erasmus est également ouvert aux élèves de l'enseignement professionnel. Une expérience qui leur permet d'avoir confiance dans la filière qu'ils ont choisie.

Article rédigé par Alexis Morel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Faites l'Europe sur le parvis de l'hôtel de ville à Paris, le 9 mai 2014. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

Et si vous alliez étudier dans un autre pays européen ? C'est l'objectif du programme Erasmus à l'honneur, vendredi 12 et samedi 13 octobre, à l'occasion des "Erasmus Days". Depuis trente ans, c'est une réussite de l'Union européenne, le succès ne se dément pas. Plus de 9 millions de jeunes européens en ont profité depuis son lancement. En 2017, 43 000 étudiants français ont tenté l'expérience, mais aussi 20 000 jeunes de l'enseignement professionnel.

C'est un peu moins connu, mais les apprentis et lycéens en filière professionnelle peuvent également bénéficier du programme Erasmus avec des stages de quelques semaines financés en partie par les fonds européens. C'est le cas de Maeva, Benjamin et Tiphaine partis à Malte au printemps dernier. Ces élèves du lycée hôtelier de Brunoy dans l'Essonne ont passé quatre semaines sur place dans un restaurant. Ces ados de 17 ans préparent un bac pro cuisine. Leur expérience Erasmus, ils l'ont donc vécue aux fourneaux intégralement en anglais.

La première semaine, personnellement, je me sentais assez gênée de ne pas comprendre ce que les chefs me disaient.

Tiphaine

à franceinfo

Les débuts n'ont pas été simples pour tous. Les chefs "me répétaient au moins dix fois la même chose et au final, je ne comprenais toujours rien", raconte Tiphaine. Une situation dont se souvient Benjamin : "Un des chefs parlait de la semaine donc 'next week'. Tiphaine est arrivée et avait compris 'Nesquik'. Elle était à fond dans son truc. Elle croyait vraiment que l'on parlait de Nesquik".

Quelques petites incompréhensions les premiers jours, mais très vite ces jeunes ont surmonté leurs blocages et pas seulement en langues étrangères. "Il y a eu un grand pas entre la confiance que j'avais avant de partir à Malte et vers la fin du stage et en rentrant en France, je me sentais beaucoup mieux, cela ne me fait plus peur de travailler en anglais", explique Tiphaine.

Cette expérience "montre que malgré que l'on soit en bac pro, on peut carrément aller dans des pays anglophones pour faire un stage ou autre, estime Benjamin. Ce n'est pas parce que l'on est en bac pro que forcément on a un niveau plus bas, cela ne veut rien dire".

Une "ouverture professionnelle"

Gagner de la confiance en soi, s'ouvrir à des horizons auxquels ils n'avaient même pas pensé, là est tout l'intérêt d'une expérience Erasmus pour ces lycéens souvent issus de milieux défavorisés. "On a beaucoup d'élèves qui n'ont jamais pris l'avion par exemple", explique Sandrine Chartier, enseignante de cuisine dans cet établissement de l'Essonne. C'est d'ailleurs aussi pour redorer l'image de la voie professionnelle que leur lycée participe à ce programme. "C'est vraiment une ouverture professionnelle et culturelle", estime celle qui est aussi chargée du programme Erasmus au sein du lycée hôtelier de Brunoy.

Cette expérience "leur donne confiance dans les études qu'ils ont choisies. Ils se rendent compte qu'ils peuvent travailler partout dans le monde, explique Sandrine Chartier. Beaucoup d'élèves arrivent en bac pro dans une situation d'échec scolaire, "donc l'école ce n'est vraiment pas leur tasse de thé et du coup ces mobilités, vraiment, c'est une transformation à tous les points de vue, même les parents nous disent que leurs enfants ont changé", rapporte l'enseignante. Une transformation et des débouchés professionnels qui sont aussi très concrets. Parmi ces jeunes, plusieurs ont déjà reçu une offre d'emploi à l'étranger.

Reportage d'Alexis Morel

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