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"C'est quelque chose qui saisit aux tripes" : à Lyon, des parents d'élèves ont occupé une école pour aider des enfants SDF

À Lyon, les parents d'élèves ont occupé les locaux d'une école, depuis vendredi soir, pour dénoncer le fait que 10% des élèves de l'établissement n'ont pas de logement et dorment parfois dans la rue. 

Article rédigé par franceinfo - Laura Lavenne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une quarantaine de parents d'élèves occupent l'école Lucie-Aubrac de Lyon depuis vendredi 21 octobre. (LAURA LAVENNE / RADIO FRANCE)

Alors que les vacances de la Toussaint ont débuté vendredi 20 octobre au soir, ils ne s'offrent pas de répit. Eux, ce sont une quarantaine de parents d'élèves de l'école Lucie-Aubrac de Lyon. De vendredi soir à dimanche soir, ils ont occupé l'établissement, dont les locaux appartiennent à la mairie, avant de se faire déloger par la police. Ils souhaitent dénoncer le fait que 10% des élèves de cette école n'ont pas de logement. Ça représente deux élèves par classe, pour cette école de quartier. Ces enfants vont d'hébergement en hébergement et dorment parfois dehors.

Des familles très discrètes 

Devant l’école de ce quartier chic du 2e arrondissement de Lyon, un drap flotte. Il rappelle qu’ici, douze enfants dorment dans la rue. "Mademoiselle, est-ce que vous savez que, dans notre école, 12 enfants sont sans abri ?" Mathilde interpelle les passants, pétition à la main. "On essaie d'alerter le préfet", plaide-t-elle. En plus d'alerter, ils demandent l'intervention du préfet mais aussi de la mairie de Lyon : "C'est une question de jours. Des enfants qui dorment dehors, on ne peut pas attendre." Dans la classe de son fils, deux élèves sont sans logement.

Le reportage de Laura Lavenne à Lyon

Assis à l’intérieur de l'établissement, sur des bancs conçus pour les enfants, Xavier campe. Pour lui, la prise de conscience a été brutale. "On a compris que ces familles étaient très discrètes. Elles se lèvent très tôt le matin, vont aux bains douches pour que les enfants arrivent propres à l'école. C'est juste après coup qu'on s'est rendus compte de l'ampleur du problème." Ce papa se souvient avec émotion du jour où il a appris ce qui se passait pour un camarade de son fils. "Quand, le soir, vous racontez une histoire à votre enfant, que la lumière s'éteint et qu'il vous dit 'j'ai mon ami qui dort dehors, est-ce que c'est possible ?' Vous vous rendez compte que c'est concret. C'est quelque chose qui saisit aux tripes et qui n'est pas acceptable."

Pour les parents, la scolarisation à tout prix

Pour ces enfants, leur maison, c’est l’école. Quand arrivent les vacances, leur monde s’écroule. Trésor et Clarisse viennent d’Angola. Leurs quatre enfants sont nés en France, ils n'ont pas de logement mais sont scolarisés à tout prix. "L'école, si elle est bien suivie, c'est la vie de demain pour les enfants", explique Trésor. Le collectif leur a payé quatre nuits d'hôtel mais il ne peut pas faire plus parce que les enfants de l'école qui sont dans cette situation sont trop nombreux. "C'est bien qu'ils restent à l'école la journée plutôt que de rester avec nous dans la rue", assure Clarisse.

À l'école, ils peuvent manger quelque chose mais pas avec nous.

Clarisse, maman de quatre enfants, sans logement

à franceinfo

Benny, leur fils, est un élève modèle. "Je suis bon, plus en maths", explique le petit garçon qui ne cache pas sa situation à ses petits camarades. "Je ne mange pas le matin, je dors dehors." Voilà ce qu'il répond aux autres enfants qui lui posent des questions sur sa situation.

130 enfants concernés à Lyon, 30 000 en France

Le collectif entend se mobiliser jusqu'à obtenir gain de cause. Si la mairie centrale (qui n'a pas souhaité répondre aux questions de franceinfo) est venue les rencontrer à l'école pour leur demander de quitter les lieux, ils ne comptent pas baisser les bras, malgré les visites quotidiennes de la police "pour des raisons de sécurité".

Ses membres ont prévu d'occuper l'école jusqu'au mardi 24 octobre, date à laquelle se tiendra une commission à la maison de la Veille sociale, dont l'objet sera précisément de statuer sur les attributions d'hébergements d'urgence. À Lyon, 130 enfants n’ont pas de toit pour s’abriter le soir quand ils rentrent de l’école. Selon l’Insee, cela concerne près de 30 000 enfants en France .

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