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Vidéo Télésurveillance des examens : HEC enregistre les mouvements des yeux de ses étudiants

Publié
Durée de la vidéo : 2 min
L'oeil du 20 heures - 1 juin 2020
L'oeil du 20 heures - 1 juin 2020 L'oeil du 20 heures - 1 juin 2020
Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
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Alors que les examens des étudiants se déroulent à distance, la prestigieuse école de commerce HEC a mis en place un système de surveillance qui détecte le moindre mouvement des yeux. Des élèves dénoncent un logiciel intrusif.

Jusqu’à présent, les examens à l’université, c’était sous les yeux d’un surveillant. Mais depuis l’épidémie de coronavirus, le pion a été remplacé par des logiciels qui filment les candidats chez eux et analysent leurs moindres faits et gestes pour détecter des tricheurs potentiels. Une innovation qui inquiète les étudiants.

Capucine Durieux est étudiante à HEC, une grande école de commerce. Mardi 2 juin, elle passera ses examens de fin d’année chez elle. Mais pour cela, elle a dû installer un mouchard sur son ordinateur, à la demande de son école. Elle doit d’abord filmer la pièce dans laquelle elle compose, pour montrer au programme l’absence d’antisèches. Puis l’épreuve commence, et voici ce que le logiciel enregistre : « tous les sons de notre environnement, la webcam, l’endroit où on se trouve, notre identité, mais aussi et surtout le mouvement de notre tête, de nos yeux, de notre bouche… notre écran, tous les sites que l’on visite, » énumère-t-elle.

"Une prise de contrôle totale"

Pendant toute la durée de l’épreuve, les micro-mouvements de son visage seront ainsi analysés. Si le programme trouve son comportement suspect, l’école pourra déclencher une enquête et vérifier l’enregistrement pour s’assurer qu’elle n’a pas triché. « C’est une prise de contrôle totale de l’ordinateur, » estime-t-elle. « Je ne suis pas d’accord mais il s’avère que si on n’accepte pas ce contrat, on est automatiquement radié de la session d’examens de juin. Donc j’ai accepté. »

Comme elle, 296 étudiants d’HEC ont signé une lettre ouverte contre cette surveillance des examens en ligne qu’ils jugent intrusive et portant atteinte à leur intimité. Un constat que partage Benoît Piedallu, de l’association « La Quadrature du Net », qui défend la protection des libertés sur internet : « c’est inquiétant de la part d’une équipe pédagogique qui a cru bon d’utiliser des outils extrêmement intrusifs pour répondre à une question assez banale : est-ce que l’étudiant a acquis des connaissances. Pour nous c’est totalement disproportionné par rapport à l’objectif poursuivi. »

Contacté, le doyen des programmes d’HEC assume de tester cette nouvelle technologie, et assure que seul le personnel de l’école aura accès aux données des étudiants. « On veut vérifier qu’ils n’interagissent pas avec quelqu’un d’autre ou qu’ils ne se sont pas mis à trois dans la même salle pour faire un examen, » justifie Eloïc Peyrache. « C’est tout. Et ces données là on ne va pas les garder, elles vont être détruites très rapidement après l’examen. »

La Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) dit avoir été saisie par des étudiants de plusieurs  établissements d’enseignement supérieur. Elle va s’assurer de la légalité de ces surveillants virtuels. Cette fois ce seront les examinateurs qui seront contrôlés.

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