11-Novembre : l'hommage d'un lycée parisien aux élèves tombés au front
Le mur sur lequel les noms sont gravés est recouvert d'un drap blanc. Sur ce drap est projeté un film muet qui montre les horreurs de la guerre, pendant que l'orchestre du lycée s'occupe de la bande son. Tout en improvisation, il met en musique ce déchaînement de violence diffusé en noir et blanc.
Tour à tour, un à un, les élèves égrènent les noms des lycéens du début du siècle morts au front. Des noms, des vies résumées en quelques phrases, et à la fin, toujours la même chose, la mort pour ces hommes, soldat tombés pour la France :
"Il est mort le 2 septembre 1918, tué d’une balle en plein front, il avait 20 ans"
Ces jeunes soldats ont arpenté les mêmes couloirs que ces lycéens de 2015, qui ont décidé de se souvenir et de raviver la mémoire de la Grande Guerre en redorant à l'or fin 14.000 lettres gravées dans le marbre.
Dans la cour du lycée, une centaine d’élèves et quelques professeurs entonnent timidement la Marseillaise. D’autres lycéens étaient plus circonspects : "Je pense que c’était important mais je ne dirais que ça intéressait vraiment tout le monde dans le lycée, certains n’étaient pas du tout engagés " avoue une élève. "On le fait tous les ans, du coup c’est un peu répétitif " concède une autre.
Quelques élèves sont donc sur la réserve, mais cela n'enlève rien à l'investissement personnel des autres lycéens qui ont mené le projet d'un bout à l'autre. Ils ont redoré eux-mêmes les noms qui font aujourd'hui la fierté du proviseur du Lycée Condorcet. Le proviseur du lycée, Christiane Borredon explique comment elle a pu collecter les fonds nécessaires : "La redorure coûte très cher, nous avons collecté 9000 euros auprès des élèves, de leurs familles, des professeurs et des personnels non enseignant et des subventions. "
"Quand on voit 856 noms et qu’on sait qu’on est un peu moins de 1000 élèves…"
Cécile Geoffroy et Clément Caporal, 18 ans, tous deux membres du Conseil de la Vie Lycéenne de Condorcet ont porté l'idée de rénover le monument aux morts. Pour Clément, "le travail de mémoire, avant ce projet, n’était qu’une notion qu’on devait apprendre par cœur pour le baccalauréat. Se mettre à la place des personnes qui sont allées à la guerre, qui sont mortes à la guerre… Quand on voit 856 noms et qu’on sait qu’on est un peu moins de 1000 élèves, ça prend plus de sens que des chiffres bêtement écrits sur un cahier ." Pour Cécile, ce travail de mémoire rend les cérémonies du 11 novembre "beaucoup moins morbides qu’elles ne l’étaient avant, je me sens concernée maintenant, je ne me dis plus que c’est une cérémonie pompeuse mais plutôt un hommage à mes anciens camarades qui sont morts pour que je vive en paix ".
Lors de cette cérémonie, une discrète plaque a été inaugurée rappelant l'installation de ce monument au mort au lycée Condorcet en 1921 avec sa restauration en 2015. Juste en dessous une place a été laissé vacante, volontairement, pour qu'au siècle prochain peut-être, d'autres élèves décident de raviver la mémoire de la Grande Guerre, quand à nouveau les lettres d'or se seront effacées.
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